Métrique en Ligne
JAM_1/JAM46
Francis JAMMES
VERS
1894
TROISIÈME PARTIE
Tu rirais d'un pauvre diable qui t'aimerait 12
Et cependant tu pourrais devenir la chienne 12
D'un homme qui ne t'aimerait pas et rirait. 12
Crois-moi : préfère le pauvre diable sans haine 12
5 Qui serait pour toi très complaisant et très doux. 12
Puis, qu'est-ce qui te dit que, comme une chérie, 12
Tu ne mettrais pas tes minces bras à son cou 12
En croisant tes petits doigts comme quand on prie ? 12
Va : n'attends pas un grand poète à cheveux longs : 12
10 Il n'en existe pas plus que des mousquetaires 12
Ou que des princes russes distingués et blonds : 12
Le bien-aimé ne se trouve pas sur la terre ; 12
Et pourtant devant le pauvre diable tu ris 12
Parce que tu lisais, étant toute petite, 12
15 Dans les livres de distribution des prix 12
Que les beaux fiancés se faisaient aimer vite. 12
Regarde les vieux qui sont ridés et tout blancs 12
Et qui dans leur temps croyaient, eux aussi, des choses : 12
Ils ont de grosses veines dans leurs doigts tremblants 12
20 Et sont confus de s'être offert jadis des roses. 12
Puis, je crois que, si l'on a plus tard des enfants, 12
Il vaut bien mieux qu'un peu d'amitié vous rapproche : 12
Car l'amitié fait mieux aimer l'enfant — souvent 12
La femme embrasse son mari contre son mioche. 12
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