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JAI_1/JAI1
corpus Pamela Puntel
Ernest JAIME
LA REVUE DU 20 JUIN 1871
L'EMPRUNT — LA REVANCHE
1871
L'EMPRUNT — LA REVANCHE
VINGT-NEUF JUIN : Sublime journée ! 8
Où notre France infortunée, 8
Oubliant toutes ses douleurs 8
Sent que sa gloire va renaître, 8
5 Un de ses fils, non pas, un maître, 8
Va bientôt effacer ses pleurs ! 8
C'est que la sainte Providence 8
Dans sa divine prévoyance, 8
Conserve de secrets trésors, 8
10 Et dans les heures de tristesse, 8
Lorsqu'un peuple dans sa détresse, 8
Malgré d'héroïques efforts, 8
Voit tremblant, au bord de l'abime 8
Dans son sein s'agiter le crime ! 8
15 Quand les hordes de l'étranger 8
Souillent le sol de la patrie 8
Que leur fer Vient de ravager 8
Un parti, parricide, impie, 8
Devant l'ennemi sans frémir 8
20 Lance à la blessure béante 8
De sa pauvre more expirante 8
Le trait dont elle doit mourir ! 8
C'en est fait ! affreux cataclysme, 8
Qui donc viendra nous délivrer ! 8
25 Ou chercher dévouement, civisme, 8
Parmi ceux qu'on vit s'énivrer 8
D'orgueil, d'ambition coupable. 8
Un homme ! un seul… un seul, capable 8
Pas un ! Pas un ; tout va finir ! 8
30 Non ! Le Dieu qu'en vain on offense 8
Veut encor protéger la France 8
Et veille sur son avenir. 8
Soudain il anime, il inspire 8
Un homme que l'Europe admire ! 8
35 Ce digne vieillard a tout vu 8
Tout étudié, tout prévu ! 8
Son time est fortement trempée, 8
Et sa plume vaut une épée ! 8
Égal de chaque citoyen, 8
40 Son seul titre est : homme de bien ! 8
Son blason ne le fait descendre 8
Ni de César, ni d'Alexandre. 8
Son nom ?… tous, nous en sommes fiers, 8
Notre Sauveur s'appelle Thiers !! 8
45 Quand dans ta plaine renommée, 8
Longchamp, notre fidèle armée 8
Reparait et vient resplendir ; 8
Les représentants de la France, 8
Paris plein de reconnaissance, 8
50 Vont l'acclamer ! vont applaudir 8
Thiers, Mac-Mahon et ses phalanges. 8
Éclatant concert de louanges 8
Thiers, peut dire à son tour en entendant ces cris 12
Rome n'est plus dans Rome, elle est toute où je suis !! 12
55 Eh bien ! Empereur d'Allemagne, 8
Faux émule de Charlemagne ! 8
Un pareil jour doit t'étonner. 8
Tu nous avais fait canonner, 8
Piller, brûler ; notre ruine 8
60 Était ton espoir ! J'imagine 8
Que Bismarck reste confondu 8
Devant notre emprunt !… Éperdu 8
Dans un accès d'hydrophobie, 8
Il va s'accusant d'ineptie 8
65 Lui, pour qui tout ! n'est pas beaucoup ! 8
S'écrier : j'ai manqué mon coup ! 8
Au cours de cette inique guerre 8
Dans l'Europe la Prusse altière 8
Mendie sans rien obtenir 7
70 L'or qui doit nous anéantir. 8
La France, sanglante, meurtrie, 8
Élève sa main affaiblie ; 8
Alors : tous ses pieux enfants 8
A travers les foyers fumants, 8
75 Parcourant les horizons sombres 8
Au milieu des débris épars, 8
Soulèvent les tristes décombres ; 8
Ils y trouvent des milliards. 8
Bismarck, en dépit de ta haine, 8
80 Dédaignant ta rage inhumaine, 8
Pour te punir, fils de l'enfer, 8
Nous avons de l'or et du fer ! 8
Un jour notre intrépide armée 8
Par les soins de Thiers centuplée, 8
85 Franchira les rives du Rhin ! 8
Prince insolent, perfide comte, 8
Elle ira te demander compte 8
De tes méfaits, et dans Berlin 8
Sa marche sera triomphale ; 8
90 Et ta landier nationale 8
N'osera pas avec mépris, 8
A nos fiers bataillons d'élite 8
Tracer la honteuse limite 8
Qu'on sut t'imposer dans Paris !! 8
95 Pour nous, plus d'épreuve nouvelle. 8
Ah ! c'est qu'une leçon cruelle, 8
Crois-moi, nous aura profité, 8
Ils verront, tes soldats esclaves, 8
Ce que peut un peuple de braves 8
100 Qui combat pour la Liberté ! 8
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