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O flot, c'est bien. Descends maintenant. Il le faut. |
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Jamais ton flux encor n'était monté si haut. |
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Mais pourquoi donc es-tu si sombre et si farouche ? |
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Pourquoi ton gouffre a-t-il un cri comme une bouche ? |
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Pourquoi cette pluie âpre, et cette ombre, et ces bruits, |
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Et ce vent noir soufflant dans le clairon des nuits ? |
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Ta vague monte avec la rumeur d'un prodige ! |
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C'est ici ta limite. Arrête-toi, te dis-je. |
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Les vieilles lois, les vieux obstacles, les vieux freins, |
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Ignorance, misère et néant, souterrains |
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Où meurt le fol espoir, bagnes profonds de l'âme, |
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L'ancienne autorité de l'homme sur la femme, |
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Le grand banquet, muré pour les déshérités, |
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Les superstitions et les fatalités, |
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N'y touche pas, va-t'en ! ce sont les choses saintes. |
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Redescends, et tais-toi ! j'ai construit ces enceintes |
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Autour du genre humain et j'ai bâti ces tours. |
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Mais tu rugis toujours ! mais tu montes toujours ! |
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Tout s'en va pêle-mêle à ton choc frénétique. |
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Voici le vieux missel, voici le code antique. |
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L'échafaud dans un pli de ta vague a passé. |
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Ne touche pas au roi ! ciel ! il est renversé. |
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Et ces hommes sacrés ! je les vois disparaître. |
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Arrête ! c'est le juge. Arrête ! c'est le prêtre. |
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Dieu t'a dit : Ne va pas plus loin, ô flot amer ! |
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Mais quoi ! tu m'engloutis ! au secours, Dieu ! la mer |
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Désobéit ! la mer envahit mon refuge ! |
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