Métrique en Ligne
HUG_9/HUG768
Victor HUGO
L'année terrible
1872
JUILLET
VI
LES INSULTEURS
Pourvu que son branchage, au-dessus du marais, 12
Verdisse, et soit le dôme énorme des forêts, 12
Qu'importe au chêne l'eau hideuse où ses pieds trempent ! 12
Les insectes affreux de la poussière rampent 12
5 Sous le bloc immobile aux broussailles mêlé ; 12
Mais au géant de marbre, auguste et mutilé, 12
Au sphinx de granit, rose et sinistre, qu'importe 12
Ce que de lui, sous lui, peut penser le cloporte ! 12
Dans la nuit où frémit le palmier convulsif, 12
10 Le colosse, les mains sur ses genoux, pensif, 12
Calme, attend le moment de parler à l'aurore ; 12
Si la limace bave à sa base, il l'ignore ; 12
Ce dieu n'a jamais su qu'un crapaud remuait ; 12
Pendant qu'un ver sur lui glisse, il garde, muet, 12
15 Son mystère effrayant de sonorité sombre ; 12
Et le fourmillement des millepieds sans nombre 12
N'ôte pas à Memnon, subitement vermeil, 12
La formidable voix qui répond au soleil. 12
logo du CRISCO logo de l'université