|
Est-il jour ? Est-il nuit ? horreur crépusculaire ! |
12 |
|
Toute l'ombre est livrée à l'immense colère. |
12 |
|
Coups de foudre, bruits sourds. Pâles, nous écoutons. |
12 |
|
Le supplice imbécile et noir frappe à tâtons. |
12 |
5 |
Rien de divin ne luit. Rien d'humain ne surnage. |
12 |
|
Le hasard formidable erre dans le carnage, |
12 |
|
Et mitraille un troupeau de vaincus, sans savoir |
12 |
|
S'ils croyaient faire un crime ou remplir un devoir. |
12 |
|
L'ombre engloutit Babel jusqu'aux plus hauts étages. |
12 |
10 |
Des bandits ont tué soixante-quatre otages, |
12 |
|
On réplique en tuant six mille prisonniers. |
12 |
|
On pleure les premiers, on raille les derniers. |
12 |
|
Le vent qui souffle a presque éteint cette veilleuse, |
12 |
|
La conscience. O nuit ! brume ! heure périlleuse ! |
12 |
15 |
Les exterminateurs semblent doux, leur fureur |
12 |
|
Plaît, et celui qui dit : Pardonnez ! fait horreur. |
12 |
|
Ici l'armée et là le peuple ; c'est la France |
12 |
|
Qui saigne ; et l'ignorance égorge l'ignorance. |
12 |
|
Le droit tombe. Excepté Caïn, rien n'est debout. |
12 |
20 |
Une sorte de crime épars flotte sur tout. |
12 |
|
L'innocent paraît noir tant cette ombre le couvre. |
12 |
|
L'un a brûlé le Louvre. Hein ? Qu'est-ce que le Louvre ? |
12 |
|
Il ne le savait pas. L'autre, horribles exploits, |
12 |
|
Fusille devant lui, stupide. Où sont les lois ? |
12 |
25 |
Les ténèbres avec leurs sombres sœurs, les flammes, |
12 |
|
Ont pris Paris, ont pris les cœurs, ont pris les âmes. |
12 |
|
Je tue et ne vois pas. Je meurs et ne sais rien. |
12 |
|
Tous mêlés, l'enfant blond, l'affreux galérien, |
12 |
|
Pères, fils, jeunes, vieux, le démon avec l'ange, |
12 |
30 |
L'homme de la pensée et l'homme de la fange, |
12 |
|
Dans on ne sait quel gouffre expirent à la fois. |
12 |
|
Dans l'effrayant brasier sait-on de quelles voix |
12 |
|
Se compose le cri du bœuf d'airain qui beugle ? |
12 |