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Je ne fais point fléchir les mots auxquels je crois ; |
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Raison, progrès, honneur, loyauté, devoirs, droits. |
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On ne va point au vrai par une route oblique. |
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Sois juste ; c'est ainsi qu'on sert la république ; |
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Le devoir envers elle est l'équité pour tous ; |
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Pas de colère ; et nul n'est juste s'il n'est doux. |
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La Révolution est une souveraine ; |
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Le peuple est un lutteur prodigieux qui traîne |
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Le passé vers le gouffre et l'y pousse du pied ; |
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Soit. Mais je ne connais, dans l'ombre qui me sied, |
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Pas d'autre majesté que toi, ma conscience. |
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J'ai la foi. Ma candeur sort de l'expérience. |
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Ceux que j'ai terrassés, je ne les brise pas. |
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Mon cercle c'est mon droit, leur droit est mon compas ; |
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Qu'entre mes ennemis et moi tout s'équilibre ; |
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Si je les vois liés, je ne me sens pas libre ; |
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A demander pardon j'userais mes genoux |
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Si je versais sur eux ce qu'ils jetaient sur nous. |
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Jamais je ne dirai : — « Citoyens, le principe |
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Qui se dresse pour nous contre nous se dissipe ; |
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Honorons la droiture en la congédiant ; |
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La probité s'accouple avec l'expédient. » — |
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Je n'irai point cueillir, tant je craindrais les suites, |
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Ma logique à la lèvre impure des jésuites ; |
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Jamais je ne dirai : — « Voilons la vérité ! » |
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Jamais je ne dirai : — « Ce traître a mérité, |
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Parce qu'il fut pervers, que, moi, je sois inique ; |
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Je succède à sa lèpre ; il me la communique ; |
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Et je fais, devenant le même homme que lui, |
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De son forfait d'hier ma vertu d'aujourd'hui. |
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Il était mon tyran, il sera ma victime. » |
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Le talion n'est pas un reflux légitime. |
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Ce que j'étais hier, je veux l'être demain. |
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Je ne pourrais pas prendre un crime dans ma main |
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En me disant : — Ce crime était leur projectile ; |
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Je le trouvais infâme et je le trouve utile ; |
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Je m'en sers, et je frappe, ayant été frappé. — |
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Non, l'espoir de me voir petit sera trompé. |
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Quoi ! je serais sophiste ayant été prophète ! |
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Mon triomphe ne peut renier ma défaite ; |
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J'entends rester le même, ayant beaucoup vécu, |
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Et qu'en moi le vainqueur soit fidèle au vaincu. |
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Non, je n'ai pas besoin, Dieu, que tu m'avertisses ; |
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Pas plus que deux soleils je ne vois deux justices ; |
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Nos ennemis tombés sont là ; leur liberté |
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Et la nôtre, ô vainqueurs, c'est la même clarté. |
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En éteignant leurs droits nous éteignons nos astres. |
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Je veux, si je ne puis après tant de désastres |
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Faire de bien, du moins ne pas faire de mal. |
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