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L'aube froide blêmit, vaguement apparue. |
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Une foule défile en ordre dans la rue ; |
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Je la suis, entraîné par ce grand bruit vivant |
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Que font les pas humains quand ils vont en avant. |
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Ce sont des citoyens partant pour la bataille. |
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Purs soldats ! Dans les rangs, plus petit par la taille, |
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Mais égal par le cœur, l'enfant avec fierté |
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Tient par la main son père, et la femme à côté |
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Marche avec le fusil du mari sur l'épaule. |
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C'est la tradition des femmes de la Gaule |
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D'aider l'homme à porter l'armure, et d'être là, |
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Soit qu'on nargue César, soit qu'on brave Attila, |
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Que va-t-il se passer ? L'enfant rit, et la femme |
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Ne pleure pas. Paris subit la guerre infâme ; |
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Et les Parisiens sont d'accord sur ceci |
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Que par la honte seule un peuple est obscurci, |
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Que les aïeux seront contents, quoi qu'il arrive, |
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Et que Paris mourra pour que la France vive. |
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Nous garderons l'honneur ; le reste, nous l'offrons. |
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Et l'on marche. Les yeux sont indignés, les fronts |
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Sont pâles ; on y lit : Foi, Courage, Famine. |
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Et la troupe à travers les carrefours chemine, |
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Tête haute, élevant son drapeau, saint haillon ; |
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La famille est toujours mêlée au bataillon ; |
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On ne se quittera que là-bas aux barrières. |
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Ces hommes attendris et ces femmes guerrières |
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Chantent ; du genre humain Paris défend les droits. |
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Une ambulance passe, et l'on songe à ces rois |
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Dont le caprice fait ruisseler des rivières |
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De sang sur le pavé derrière les civières. |
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L'heure de la sortie approche ; les tambours |
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Battent la marche en foule au fond des vieux faubourgs ; |
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Tous se hâtent ; malheur à toi qui nous assièges ! |
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Ils ne redoutent pas les pièges, car les pièges |
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Que trouvent les vaillants en allant devant eux |
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Font le vaincu superbe et le vainqueur honteux. |
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Ils arrivent aux murs, ils rejoignent l'armée. |
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Tout à coup le vent chasse un flocon de fumée ; |
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Halte ! C'est le premier coup de canon. Allons ! |
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Un long frémissement court dans les bataillons, |
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Le moment est venu, les portes sont ouvertes, |
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Sonnez, clairons ! Voici là-bas les plaines vertes, |
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Les bois où rampe au loin l'invisible ennemi, |
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Et le traître horizon, immobile, endormi, |
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Tranquille, et plein pourtant de foudres et de flammes. |
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On entend des voix dire : Adieu ! — Nos fusils, femmes |
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Et les femmes, le front serein, le cœur brisé, |
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Leur rendent leur fusil après l'avoir baisé. |
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