Métrique en Ligne
HUG_8/HUG85
Victor HUGO
Odes et Ballades
1826
ODES
LIVRE CINQUIÈME
1819-1828
ODE VINGT-TROISIÈME
À MADAME LA COMTESSE A. H.
Sur ma lyre, l'autre fois
Dans un bois,
Ma main préludait à peine,
Une colombe descend
En passant,
Blanche sur le luth d'ébène.

Mais au lieu d'accords touchants,
De doux chants,
La colombe gémissante me demande par pitié
Sa moitié,
Sa moitié loin d'elle absente.
SAINTE.BEUVE.
Oh ! quel que soit le rêve, ou paisible, ou joyeux, 12
Qui dans l'ombre à cette heure illumine tes yeux, 12
C'est le bonheur qu'il te signale ; 8
Loin des bras d'un époux qui n'est encor qu'amant, 12
5 Dors tranquille, ma sœur ! passe-la doucement, 12
Ta dernière nuit virginale ! 8
Dors : nous prierons pour toi, jusqu'à ce beau matin ! 12
Tu devais être à nous, et c'était ton destin, 12
Et rien ne pouvait t'y soustraire. 8
10 Oui, la voix de l'autel va te nommer ma sœur ; 12
Mais ce n'est que l'écho d'une voix de mon cœur 12
Qui déjà me nommait ton frère. 8
Dors, cette nuit encor, d'un sommeil pur et doux ! 12
Demain, serments, transports, caresses d'un époux, 12
15 Festins que la joie environne, 8
Et soupirs inquiets dans ton sein renaissant, 12
Quand une main fera de ton front rougissant 12
Tomber la tremblante couronne ! 8
Ah ! puisse dès demain se lever sur tes jours 12
20 Un bonheur qui jamais ne s'éclipse, et toujours 12
Brille, plus beau qu'un rêve même ! 8
Vers le ciel étoilé laisse monter nos vœux. 12
Dors en paix cette nuit où nous veillons tous deux, 12
Moi qui te chante, et lui qui t'aime ! 8
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