Métrique en Ligne
HUG_8/HUG77
Victor HUGO
Odes et Ballades
1826
ODES
LIVRE CINQUIÈME
1819-1828
ODE QUINZIÈME
À MES AMIS
Ô combien est heureux celui qui, solitaire,
Ne va point mendiant de ce sot populaire
L'appui ni la faveur ; qui, paisible, s'étant
Retiré de la cour et du monde inconstant,
Ne s'entremêlant point des affaires publiques,
Ne s'assujettissant aux plaisirs tyranniques
D'un seigneur inconstant, et ne vivant qu'à soi,
Est lui-même sa cour, son seigneur et son roi !
JEAN DE LA TAILLE.
Sans monter au char de victoire, 8
Meurt le poète créateur ; 8
Son siècle est trop près de sa gloire 8
Pour en mesurer la hauteur. 8
5 C'est Bélisaire au Capitole : 8
La foule court à quelque idole, 8
Et jette en passant une obole 8
Au mendiant triomphateur. 8
Amis, dans ma douce retraite 8
10 À tous vos maux je dis adieu. 8
Là, ma vie est molle et secrète : 8
J'ai des autels pour chaque dieu. 8
Le myrte, qu'au laurier j'enchaîne, 8
Y croît sous l'ombrage du chêne ; 8
15 J'y mets Horace avec Mécène, 8
Et Corneille sans Richelieu. 8
Là, dans l'ombre descend ma muse, 8
À l'œil fier, aux traits ingénus, 8
Image éclatante et confuse 8
20 Des anges à l'homme inconnus. 8
Ses rayons cherchent le mystère : 8
Son aile, chaste et solitaire, 8
Jamais ne permet à la terre 8
D'effleurer ses pieds blancs et nus. 8
25 Là, je cache un hymen prospère ; 8
Et, sur mon seuil hospitalier, 8
Parfois tu t'assieds, ô mon père ! 8
Comme un antique chevalier ; 8
Ma famille est ton humble empire ; 8
30 Et mon fils, avec un sourire, 8
Dort aux sons de ma jeune lyre, 8
Bercé dans ton vieux bouclier. 8
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