Métrique en Ligne
HUG_8/HUG72
Victor HUGO
Odes et Ballades
1826
ODES
LIVRE CINQUIÈME
1819-1828
ODE DIXIÈME
À G......Y
O rus !
Virgile.
Il est pour tout mortel, soit que, loin de l'envie, 12
Un astre aux rayons purs illumine sa vie ; 12
Soit qu'il suive à pas lents un cercle de douleurs, 12
Et, regrettant quelque ombre à son amour ravie, 12
5 Veille auprès de sa lampe, et répande des pleurs ; 12
Il est des jours de paix, d'ivresse et de mystère, 12
Où notre cœur savoure un charme involontaire, 12
Où l'air vibre, animé d'ineffables accords, 12
Comme si l'âme heureuse entendait de la terre 12
10 Le bruit vague et lointain de la cité des morts. 12
Souvent ici, domptant mes douleurs étouffées, 12
Mon bonheur s'éleva comme un château de fées, 12
Avec ses murs de nacre, aux mobiles couleurs, 12
Ses tours, ses portes d'or, ses pièges, ses trophées, 12
15 Et ses fruits merveilleux, et ses magiques fleurs. 12
Puis soudain tout fuyait : sur d'informes décombres 12
Tour à tour à mes yeux passaient de pâles ombres ; 12
D'un crêpe nébuleux le ciel était voilé ; 12
Et de spectres en deuil peuplant ces déserts sombres, 12
20 Un tombeau dominait le palais écroulé. 12
Vallon ! j'ai bien souvent laissé dans ta prairie, 12
Comme une eau murmurante, errer ma rêverie ; 12
Je n'oublierai jamais ces fugitifs instants ; 12
Ton souvenir sera, dans mon âme attendrie, 12
25 Comme un son triste et doux qu'on écoute longtemps ! 12
logo du CRISCO logo de l'université