Métrique en Ligne
HUG_8/HUG63
Victor HUGO
Odes et Ballades
1826
ODES
LIVRE CINQUIÈME
1819-1828
ODE PREMIÈRE
PREMIER SOUPIR
C'est que j'ai rencontré des regards dont la flamme
Semble avec mes regards ou briller ou mourir,
>Et cette âme, sœur de mon âme,
Hélas ! que j'attendais pour aimer et souffrir.
ÉMILE DESCHAMPS.
Sois heureuse, ô ma douce amie, 8
Salue en paix la vie et jouis des beaux jours ; 12
Sur le fleuve du temps mollement endormie, 12
Laisse les flots suivre leur cours ! 8
5 Va, le sort te sourit encore, 8
Le ciel ne peut vouloir, dissipe tout effroi, 12
Qu'un jour triste succède à ta joyeuse aurore. 12
Le ciel doit m'écouter quand pour toi je l'implore. 12
Notre avenir commun ne pèse que sur moi ! 12
10 Bientôt tu peux m'être ravie : 8
Peut-être, loin de toi, demain j'irai languir. 12
Quoi, déjà tout est sombre, et fatal dans ma vie ! 12
J'ai dû t'aimer, je dois te fuir ! 8
Puis, — hélas ! sur mon front que le malheur retombe ! 12
15 Il faudra qu'à l'absence, à de nouveaux désirs, 12
Un sentiment bien doux succombe : 8
Tu m'oublîras dans les plaisirs, 8
Je me souviendrai dans la tombe. 8
Oui, je mourrai ; déjà ma lyre en est en deuil. 12
20 Jeune, je m'éteindrai, laissant peu de mémoire, 12
Sans peur ; puisque de front j'ai contemplé la gloire, 12
Je puis voir de près le cercueil. 8
L'Élysée immortel est près des noirs royaumes, 12
Et la gloire et la mort ne sont que deux fantômes, 12
25 En habits de fête ou de deuil ! 8
Vis heureuse, ô ma douce amie, 8
Jouis en paix de tes beaux jours ; 8
Sur le fleuve du temps mollement endormie, 12
Laisse les flots suivre leur cours ! 8
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