Métrique en Ligne
HUG_7/HUG663
Victor HUGO
Les Chansons des rues et des bois
1865
LIVRE SECOND
II
OISEAUX ET ENFANTS
IV
Les enfants lisent, troupe blonde ; 8
Ils épellent, je les entends ; 8
Et le maître d'école gronde 8
Dans la lumière du printemps. 8
5 J'aperçois l'école entrouverte ; 8
Et je rôde au bord des marais ; 8
Toute la grande saison verte 8
Frissonne au loin dans les forêts. 8
Tout rit, tout chante ; c'est la fête 8
10 De l'infini que nous voyons ; 8
La beauté des fleurs semble faite 8
Avec la candeur des rayons. 8
J'épelle aussi moi ; je me penche 8
Sur l'immense livre joyeux ; 8
15 Ô champs, quel vers que la pervenche ! 8
Quelle strophe que l'aigle, ô cieux ! 8
Mais, mystère ! Rien n'est sans tache. 8
Rien !Qui peut dire par quels nœuds 8
La végétation rattache 8
20 Le lys chaste au chardon hargneux ? 8
Tandis que là-bas siffle un merle, 8
La sarcelle, des roseaux plats, 8
Sort, ayant au bec une perle ; 8
Cette perle agonise, hélas ! 8
25 C'est le poisson qui, tout à l'heure, 8
Poursuivait l'aragne, courant 8
Sur sa bleue et vague demeure, 8
Sinistre monde transparent. 8
Un coup de fusil dans la haie, 8
30 Abois d'un chien ; c'est le chasseur. 8
Et, pensif, je sens une plaie 8
Parmi toute cette douceur. 8
Et, sous l'herbe pressant la fange, 8
Triste passant de ce beau lieu, 8
35 Je songe au mal, énigme étrange, 8
Faute d'orthographe de Dieu. 8
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