Métrique en Ligne
HUG_4/HUG822
Victor HUGO
LA LÉGENDE DES SIÈCLES
NOUVELLE SÉRIE
1877
XVIII
LE GROUPE DES IDYLLES
VIII
MOSCHUS
O nymphes, baignez-vous à la source des bois. 12
Le hallier, bien qu'il soit rempli de sombres voix, 12
Quoiqu'il ait des rochers où l'aigle fait son aire, 12
N'est jamais envahi par l'ombre qui s'accroît 12
5 Au point d'être sinistre et de n'avoir plus droit 12
A la nudité de Néère. 8
Néère est belle, douce et pure, et transparaît 12
Blanche, à travers l'horreur de la noire forêt ; 12
Un essaim rôde et parle aux fleurs de la vallée, 12
10 Un écho dialogue avec l'écho voisin, 12
Qu'est-ce que dit l'écho ? qu'est-ce que dit l'essaim ? 12
Qu'étant nue, elle est étoilée ! 8
Car l'éblouissement des astres est sur toi 12
Quand tu te baignes, chaste, avec ce vague effroi 12
15 Que toujours la beauté mêle à sa hardiesse, 12
Sous l'arbre où l'œil du faune ardent te cherchera. 12
Tu sais bien que montrer la femme, ô Néèra, 12
C'est aussi montrer la déesse. 8
Moi, quoique par les rois l'homme soit assombri, 12
20 Je construis au-dessus de ma tête un abri 12
Avec des branches d'orme et des branches d'yeuse ; 12
J'aime les prés, les bois, le vent jamais captif, 12
Néère et Phyllodoce, et je suis attentif 12
A l'idylle mélodieuse. 8
25 Parce que, dans cette ombre où parfois nous dormons, 12
De lointains coups de foudre errent de monts en monts, 12
Parce que tout est plein d'éclairs visionnaires, 12
Parce que le ciel gronde, est-il donc en marchant 12
Défendu de rêver, et d'écouter le chant 12
30 D'une flûte entre deux tonnerres ? 8
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