Métrique en Ligne
HUG_4/HUG820
Victor HUGO
LA LÉGENDE DES SIÈCLES
NOUVELLE SÉRIE
1877
XVIII
LE GROUPE DES IDYLLES
VI
THÉOCRITE
O belle, crains l'Amour, le plus petit des dieux, 12
Et le plus grand ; il est fatal et radieux ; 12
Sa pensée est farouche et sa parole est douce ; 12
On le trouve parfois accroupi dans la mousse, 12
5 Terrible et souriant, jouant avec les fleurs ; 12
Il ne croit pas un mot de ce qu'il dit ; les pleurs 12
Et les cris sont mêlés à son bonheur tragique ; 12
Maïa fit la prairie, il fait la géorgique ; 12
L'Amour en tout temps pleure, et triomphe en tout lieu ; 12
10 La femme est confiante aux baisers de ce dieu, 12
Car ils ne piquent pas, sa lèvre étant imberbe. 12
— Tu vas mouiller ta robe à cette heure dans l'herbe 12
Lyda, pourquoi vas-tu dans les champs si matin ? 12
Lyda répond : — Je cède au ténébreux destin, 12
15 J'aime, et je vais guetter Damœtas au passage, 12
Et je l'attends encor le soir, étant peu sage, 12
Quand il fait presque nuit dans l'orme et le bouleau, 12
Quand la nymphe aux yeux verts danse au milieu de l'eau. 12
— Lyda, fuis Damœtas ! — Je l'adore et je tremble. 12
20 Je ne puis lui donner toutes les fleurs ensemble, 12
Car l'une vient l'automne et l'autre vient l'été ; 12
Mais je l'aime. — Lyda, Lyda, crains Astarté. 12
Cache ton cœur en proie à la sombre chimère. 12
Il ne faut raconter ses amours qu'à sa mère 12
25 A l'heure matinale où le croissant pâlit, 12
Quand elle se réveille en riant dans son lit. 12
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