Métrique en Ligne
HUG_4/HUG817
Victor HUGO
LA LÉGENDE DES SIÈCLES
NOUVELLE SÉRIE
1877
XVIII
LE GROUPE DES IDYLLES
III
ARCHILOQUE
Le pilote connaît la figure secrète 12
Du fond de la mer sombre entre Zante et la Crète, 12
Le sage médecin connaît le mal qu'on a, 12
Le luthier, par la muse instruit, sait qu'Athana 12
5 A fait la flûte droite et Pan la flûte oblique ; 12
Moi, le ne sais qu'aimer. Tout ce qu'un mage explique 12
En regardant un astre à travers des cyprès, 12
Dans les bois d'Éleusis la nuit, n'est rien auprès 12
De ce que je devine en regardant Stellyre. 12
10 Stellyre est belle. Ayez pitié de mon délire, 12
Dieux immortels ! je suis en proie à sa beauté. 12
Sans elle je serais l'Archiloque irrité, 12
Mais elle m'attendrit. Muses, Stellyre est douce. 12
Pour que l'agneau la broute il faut que l'herbe pousse, 12
15 Et que l'adolescent croisse pour être aimé. 12
Par l'immense Vénus le monde est parfumé ; 12
L'amour fait pardonner à l'Olympe la foudre ; 12
L'Océan en créant Cypris voulut s'absoudre, 12
Et l'homme adore, au bord du gouffre horrible et vain, 12
20 La tempête achevée en sourire divin. 12
Stellyre a la gaîté du nid chantant dans l'arbre. 12
Moi qui suis de Paros, je me connais en marbre, 12
Elle est blanche, et pourtant femme comme Aglaura 12
Et Glycère ; et, rêveur, je sais qu'elle mourra. 12
25 Tout finit par finir, hélas, même les roses ! 12
Quoique Stellyre, ô dieux, ressemble aux fleurs écloses 12
A l'aurore, en avril, dans les joncs des étangs, 12
Faites, dieux immortels, quelle vive longtemps, 12
Car il sort de cette âme une clarté sereine ; 12
30 Je la veux pour esclave et je la veux pour reine ; 12
Je suis un cœur dompté par elle, et qui consent ; 12
Et ma haine est changée en amour. O passant, 12
Sache que la chanson que voici fut écrite 12
Quand Hipparque chassa d'Athène Onomacrite 12
35 Parce qu'il parlait bas à des dieux infernaux 12
Pour faire submerger l'archipel de Lemnos. 12
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