V |
APRÈS LES DIEUX, LES ROIS |
II |
De Ramire à Cosme de Médicis |
Le Roi de Perse |
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Le roi de Perse habite, inquiet, redouté, |
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En hiver Ispahan et Tiflis en été ; |
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Son jardin, paradis où la rose fourmille, |
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Est plein d'hommes armés, de peur de sa famille ; |
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Ce qui fait que parfois il va dehors songer. |
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Un matin, dans la plaine il rencontre un berger |
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Vieux, ayant près de lui son fils, un beau jeune homme. |
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— Comment te nommes-tu ? dit le roi. — Je me nomme |
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Karam, dit le vieillard, interrompant un chant |
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Qu'il chantait au milieu des chèvres, en marchant ; |
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J'habite un toit de jonc sous la roche penchante, |
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Et j'ai mon fils que j'aime, et c'est pourquoi je chante, |
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Comme autrefois Hafiz, comme à présent Sadi, — |
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Et comme la cigale à l'heure de midi. |
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Et le jeune homme alors, figure humble et touchante, |
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Baise la main du pâtre harmonieux qui chante, |
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Comme à présent Sadi, comme autrefois Hafiz. |
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— Il t'aime, dit le roi, pourtant il est ton fils. |
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