Métrique en Ligne
HUG_27/HUG1689
Victor HUGO
DERNIÈRE GERBE
1902
CXXXI
Oh ! vers le progrès magnifique 8
Guidez les générations ! 8
Malheur à l'âme qui trafique 8
De son souffle et de ses rayons ! 8
5 Que le supplice vous attire ! 8
Précipitez-vous au martyre ! 8
Penseurs ! pour vaincre il faut souffrir. 8
L'homme, qui ne peut rien connaître, 8
Marche de cette énigme : naître, 8
10 Jusqu'à cet abîme : mourir. 8
Sur son berceau naît son étoile. 8
Comme il ouvrait l'œil, elle a lui. 8
Comme Isis sous le triple voile 8
La conscience habite en lui. 8
15 Elle l'éclaire quand il doute ; 8
Elle lui, montre sur sa route 8
Tout ce que la raison trouva ; — 8
Elle est pareille à la glaneuse ; 8
Il' est libre, elle est lumineuse ; 8
20 Il dit : Que suis-je ? elle dit : Va. 8
Il sent qu'il contient le mystère, 8
Qu'il a la bêche et le jardin, 8
Qu'il doit, condamné de la terre, 8
Avec Babel refaire Éden. 8
25 Apre ouragan ou brise douce, 8
Il sent qu'il est le vent qui pousse 8
Les battants du seuil éternel, 8
Et que les vertus et les crimes 8
Font tourner sur ses gonds sublimes 8
30 La porte invisible du ciel. 8
D'où vient-il ? où va-t-il ? il songe. 8
Évitera-t-il Dieu lointain ? 8
Il est maître de son mensonge, 8
Un autre est maître du destin. 8
35 Il tremble ; il se sent responsable 8
Pour un pas risqué sur le sable, 8
Pour un souffle sur un flambeau. 8
O nuit sombre où nous portons l'arche ! 8
La liberté de l'homme marche 8
40 Entre la crèche et le tombeau ! 8
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