Métrique en Ligne
HUG_27/HUG1652
Victor HUGO
DERNIÈRE GERBE
1902
XCIV
Une sorte de vague énorme, errante et souple, 12
Nous enveloppe, et tout dans cette onde s'accouple. 12
C'est, à travers ce flot qu'on entrevoit au loin 12
L'œil fixe et lumineux de Pan, sombre témoin. 12
5 C'est le chaos, j'y tremble ; et c'est l'ordre, j'y pense. 12
J'y sens du châtiment et de la récompense. 12
Et je vais le plus droit que je peux devant moi. 12
Je crois. C'est en amour que se dissout l'effroi. 12
Dans cet ensemble, vrai quoique visionnaire, 12
10 Tout a sa place ; un cèdre, un brin d'herbe ; un tonnerre 12
Passe, et n'a pas le droit de faire taire un nid 12
Qui, comme lui, comprend l'abîme et le bénit. 12
Nul du concert sacré n'est exclu. On écoute. 12
La nature au milieu de l'ombre parle toute ; 12
15 L'effet rend témoignage à la cause ; penché 12
Sur tout ce vaste hymen qu'on nomme à tort péché, 12
L'homme songe ; il entend les êtres et les choses, 12
Les monstres chevelus, les oiseaux aux becs roses, 12
Tous, terribles, charmants, pêle-mêle, en tout lieu, 12
20 A toute heure, à la fois, chanter ou rugir Dieu. 12
Un hymne immense sort de cet immense rêve ; 12
L'alouette l'ébauche et le lion l'achève. 12
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