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HUG_26/HUG1531
Victor HUGO
LES ANNÉES FUNESTES
1898
XXXVI
Pour le prêtre il est saint, pour le juge il est juste ; 12
Il a raison ; 4
Nul ne résiste ; il est sacré, suprême, auguste, 12
Par trahison. 4
5 C'est de vin et de sang que sa lèvre est rougie. 12
Lourd prisonnier 4
De cette double ivresse, il complète l'orgie 12
Par le charnier. 4
Il a tout ; les sénats lui prodiguent leur âme 12
10 Et leur fierté, 4
L'évêque en chape d'or la prière, et la femme 12
La nudité. 4
Devant lui la vertu frémit, l'honneur émigre ; 12
Pâle Psyché, 4
15 L'âme humaine voudrait s'enfuir ; et par le tigre 12
Il est léché. 4
Il a par un viol possédé la victoire, 12
Il est prudent, 4
Mais guerroyeur ; il compte arriver à la gloire, 12
20 Bazaine aidant. 4
Les peuples sur leur tête ont cette splendeur noire ; 12
Il est debout ; 4
César, majesté, prince, empereur, dans l'histoire, 12
Et dans l'égout. 4
25 Le monde, ainsi qu'au temps de Claude et de Comnène, 12
Est la béant, 4
Contemplant ce pygée énorme, grandeur naine, 12
Hautain néant : 4
Il est le sphinx du trône ; il a pour toute règle 12
30 Le crime heureux ; 4
Il habite un fond d'ombre ; il est seul comme l'aigle 12
Et le lépreux. 4
Il a l'armée, il a l'église ; il est superbe, 12
Blême, ébloui ; 4
35 Et tous les crimes sont épanouis en gerbe 12
Autour de lui. 4
Il règne, il a la joie obscure de Tibère ; 12
Il est content ; 4
Et pendant ce temps-là, le destin délibère, 12
40 Et l'ombre attend ; 4
Et, sœur de Némésis, l'implacable logique 12
Au front serein, 4
Assise à son fourneau, chauffe à son feu tragique 12
Le vers d'airain. 4
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