Métrique en Ligne
HUG_26/HUG1530
Victor HUGO
LES ANNÉES FUNESTES
1898
XXXV
— Qu'êtes-vous ? — Tu le vois à notre robe. — Quoi ? 12
Les prêtres de Dieu ? — Non, les prêtres de la loi. 12
— De quelle loi ? Du maître. — Et qu'est le maître ? — Un homme. 12
On l'appelle empereur ici, césar à Rome. 12
5 Il est aigle de droit et de race' vautour. 12
Celui-ci fut jadis un criminel. Un jour 12
Il fit un serment, puis il s'embusqua derrière, 12
Puis, comme les voleurs la nuit dans la clairière, 12
Il sortit `brusquement, de sa cachette, et : prit 12
10 A la gorge l'honneur, la probité, l'esprit, 12
La gloire, la vertu, la pudeur, la patrie, 12
Et les tua. D'abord, voyant la loi meurtrie, 12
Nous fîmes préparer la corde et le, gibet, ` 12
Comptant bien l'étrangler tout pet, s'il succombait. 12
15 Mais il a réussi, la rudesse est un vice, 12
Et chez lui maintenant nous sommes en service ; 12
A qui nous souffleta notre respect est dû ; 12
Il sied qu'il soit sacré, puisqu'il n'est pas pendu ; 12
Nous faisons à présent pendre en son nom les autres ; 12
20 Nous sommes les appuis de l'état, les apôtres 12
De l'ordre, et nous lavons les pieds du maître,emploi 12
Utile, et le meilleur que puisse avoir— la loi ; 12
La clarté de cet homme éclaire notre livre ; 12
Car il est naturel et simple qu'on lui livre 12
25 La conscience humaine et le code et Jésus, 12
Puisque c'est lui qui paie et qu'il a le dessus. 12
— Qu'est-ce que vous rendez, là, dans cette bâtisse, 12
Par la bouche ? — Cela s'appelle la justice. 12
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