Métrique en Ligne
HUG_26/HUG1523
Victor HUGO
LES ANNÉES FUNESTES
1898
XXVIII
Venez nous voir dans l'asile 7
Où nôtre nid s'est caché, 7
Où Chloé suivrait Mnasyle, 7
Où l'Amour suivrait Psyché. 7
5 Si vous aimez la musique, 7
C'est ici qu'est son plein vol 7
Mozart n'est qu'un vieux phthisique 7
A côté du rossignol. 7
Ici la fleur, le poète, 7
10 Et le ciel font des trios. 7
Ô solos de l'alouette ! 7
Ô tutti des loriots ! 7
Chant du matin, fier, sonore ! 7
L'oiseau vous le chantera. 7
15 Depuis six mille ans, l'aurore 7
Travaille à cet opéra. 7
Venez ; fiers de vos présences, 7
Les champs, qui sont des jardins, 7
Auront mille complaisances 7
20 Pour vous autres citadins. 7
Nos rochers valent des marbres ; 7
Le beau se fera joli 7
Et le moineau, sous les arbres, 7
Quoique franc, sera poli. 7
25 Mai joyeux, juin frais et tendre 7
Arriveront à propos 7
Pour que : vous puissiez entendre 7
La clochette des troupeaux. 7
Venez, vous verrez les guêtres 7
30 Du vieux laboureur normand ; 7
Les mouches par vos fenêtres 7
Entréront éperdûment. 7
Le soir, sous les vignes vierges, 7
Vous Verrez Dieu qui nous luit 7
35 Allumer les mille cierges 7
De sa messe de minuit. 7
Et nous oublierons ces choses 7
Dont on pleure et dont on rit, 7
L'homme ingrat, les ans moroses, 7
40 L'eau sombre où l'esquif périt, 7
La fuite de l'espérance, 7
Les cœurs faux le temps si court, 7
Et qu'on partage la France 7
Dans la Gazette d'Augsbourg. 7
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