Métrique en Ligne
HUG_26/HUG1513
Victor HUGO
LES ANNÉES FUNESTES
1898
XVIII
Quand, des trous a ses mains, des trous à ses pieds froids, 12
Du sang sur chaque membre, 6
La France, peuple-Christ, pendait les bras en croix 12
Au gibet de Décembre, 6
5 Quand, l'épine à son front, râlait sur le poteau 12
La nation pontife, 6
Toi, malheureux, tu vins des clous et du marteau 12
Complimenter Caïphe. 6
Il fit cortège au crime avec un front riant. 12
10 Lévite, il vendit l'arche : 6
Maintenant le voilà dans un livre criant : 12
« — Remettons-nous en marche ! 6
« Dans la stagnation, tout rampe et dépérit, 12
« Et l'ombre est importune. 6
15 « Il faut le Verbe à Dieu, la parole à l'esprit, 12
« Aux peuples la tribune. » — 6
Il plaide pour le droit ! Regret pur ! deuil touchant ! 12
Il ne veut plus qu'on dorme ! 6
Ô vérité sacrée, aux lèvres du méchant 12
20 Ta louange est difforme ! 6
Les passants qui l'ont vu du crime réussi 12
Grossir l'immonde escorte, 6
Disent en l'entendant : Pourquoi donc celui-ci 12
Parle-t-il de la sorte ? 6
25 C'est qu'il a peur de Dieu ! c'est qu'il a peur des lois ! 12
C'est que ce fourbe tremble ! 6
C'est qu'il sent dans son cœur frissonner à la fois 12
Tous les effrois ensemble ! 6
C'est que, dans cette orgie où le Meurtre éhonté 12
30 Chante : Que nous importe ! 6
Lui songe au cimetière où dort la Liberté, 12
La redoutable morte ! 6
C'est que sur le festin il voit tomber le soir ; 12
C'est qu'en ce banquet sombre, 6
35 Il songe à l'avenir, incorruptible et noir, 12
Qui fait des pas dans l'ombre ; 6
C'est que la peine vient ! c'est qu'il se sent plier 12
Comme les branches d'arbre ! 6
C'est que, pâle, il entend monter dans l'escalier 12
40 Un visiteur de marbre ! 6
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