Métrique en Ligne
HUG_26/HUG1505
Victor HUGO
LES ANNÉES FUNESTES
1898
X
« M. Victor Hugo ne s'aperçoit donc
pas qu'il dévient monotone ? »
(Les Journaux de l'Empire.).
— Tenez, mon président, je vous le dis d'aplomb, 12
Je trouve, en vérité, que cela devient long. 12
Cela finit par être un triste dialogue. 12
Nous faisons à nous deux une lugubre églogue. 12
5 Vrai, vous me fatiguez ; mon juge du bon Dieu. 12
Si nous renouvelions la causerie un peu ? 12
Parlons d'astronomie ou bien d'hippiatrique. 12
Oui, c'est vrai, je me suis servi de cette trique 12
Assomme-t-on les gens avec ! des éventails ? 12
10 Quand vous répéterez sans fin tous ces détails ? 12
Après ? Bon, j'en conviens, c'est affreux, c'est infâme, 12
Ce n'est pas bien du tout, j'ai tué cette femme ; 12
Dans l'ombre, en guet-apens, si vous le préférez. 12
J'ai de ses cheveux blancs à mes souliers ferrés ; 12
15 On voit ces choses-là dans tous les mélodrames. 12
Est-ce donc bien joli, mon juge, à dire aux dames ? 12
Nous devrions changer de conversation. 12
Je l'ai mise en un trou, la belle invention ! 12
Et j'ai pillé la caisse et débouclé la bâche. 12
20 Connu. C'est vieux ! D'honneur, mon président rabâche ; 12
Il faudrait varier dans l'intérêt de 1'art. 12
Vous ressassez toujours : — C'était dans le brouillard. 12
— En décembre. — Au sortir d'un bois. — Un jour de pluie… — 12
Eh bien, je vous le dis tout net, cela m'ennuie. 12
25 Vous n'avez vraiment pas d'imagination. 12
Et puis, vous y mettez beaucoup de passion. 12
Cette femme était vieille et j'étais pauvre. En somme, 12
Là, ne pourrait-on pas, quand mai réjouit l'homme, 12
Quand les petits oiseaux chantent au fond du bois, 12
30 Quand les champs sont pleins d'ombre et d'amour et de voix, 12
Et puisque nous voilà dans la saison des roses, 12
Rire un moment, que diable ! et parler d'autres choses ! — 12
Et le juge répond, triste comme la loi 12
— Ta mère assassinée est là, derrière toi ! 12
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