Métrique en Ligne
HUG_26/HUG1501
Victor HUGO
LES ANNÉES FUNESTES
1898
VI
ÉCRIT SUR UN EXEMPLAIRE DES CHÂTIMENTS
Le frissonnant essaim des pâles Euménides 12
Met les effrois 4
Dans l'homme, et ne veut pas laisser les âmes vides 12
Et les cœurs froids ; 4
5 Elles vont secouant sur nos fronts une chaîne 12
Avec des chants, 4
Leur fonction étant de nous emplir de haine 12
Pour les méchants ; 4
Et ces femmes de l'ombre, éparses et volantes, 12
10 Rôdent dans l'air, 4
Furieuses, et font des colères trop lentes 12
Jaillir l'éclair ; 4
— Allons ! réveille-toi ! ne vois-tu pas Tibère ? 12
Viens ! fais un pas ! 4
15 Est-ce que pour frapper la foudre délibère ? 12
Ne vois-tu pas 4
Le mal partout ; ici le crime et là le vice ; 12
Judas rêvant ; 4
Ce roi, ce juge, l'un achetant la justice 12
20 Que l'autre vend ? 4
Frappe ! — Ainsi vont grondant les gorgones sublimes ; 12
Et leur vertu, 4
Sinistre, ouvre au songeur l'horizon des abîmes ; 12
Et dis : Viens-tu ? 4
25 Et le poète suit ces filles formidables. 12
— Monstres, j'accours ! 4
C'est bien ! Et ; sur le haut des monts inabordables, 12
Dans les bois sourds ; 4
Dans l'inclément désert, sur l'âpre mer sonore, 12
30 La sombre nuit 4
Est contente ; et, plus bas, dans les prés où l'aurore 12
S'épanouit, 4
Dans l'azur, dans l'été, dans l'herbe et dans les mousses, 12
Dans la chaleur, 4
35 Dans l'idylle, on entend toutes les choses douces 12
Qui sont en fleur, 4
L'églantier, le rosier plein d'une âme invisible, 12
Le frais buisson, 4
Dire en voyant passer le poète terrible. 12
40 Il a raison. 4
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