Métrique en Ligne
HUG_26/HUG1497
Victor HUGO
LES ANNÉES FUNESTES
1898
II
J'applique mon oreille à travers mon cachot 12
Contre la conscience énorme de là-haut. 12
Et j'écoute. Et, pensif, je fuis, et, solitaire, 12
Je m'envole. Quiconque a pour prison la terre, 12
5 A pour évasion le ciel. Là, j'ai l'effroi 12
De sentir comme une âme immense entrer en moi 12
Et j'en tremble, et j'en suis joyeux. Sévère joie ! 12
Va, sois le Châtiment, me-dit quelqu'un. Foudroie. 12
La foudre est le jet noir du firmament vengeur. 12
10 Je me penche du fond d'une blême rougeur, 12
Et, dU seuil étoilé, comme d'une fenêtre, 12
Sur ta simarre, ô juge, et sur ta robe, ô prêtre, 12
Je vide la justice avec la vérité. 12
Vivez, régnez ! ma strophe au sanglot irrité, 12
15 Mon vers sanglant, fumant, amer, qui, du ciel sombre, 12
Ainsi que d'une bouche entr'ouverte dans l'ombre, 12
Jaillit ; tombe, se rue, éclate, et sur les fronts 12
Se disperse en horreur, en tempête, en affronts, 12
Flétrit, submerge ; noie ; éclabousse et remonte, 12
20 Est le vomissement dé Dieu sur votre honte. 12
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