Métrique en Ligne
HUG_24/HUG1488
Victor HUGO
TOUTE LA LYRE
1888-1893
ANNEXES
LA FIGLIOLA
Moins de vingt ans et plus de seize, 8
Voilà son âge ; et maintenant 8
Dites tout bas son nom : Thérèse, 8
Et songez au ciel rayonnant. 8
5 Quel destin traversera-t-elle ? 8
Quelle ivresse ? quelle douleur ? 8
Elle n'en sait rien ; cette belle 8
Rit, et se coiffe d'une fleur. 8
Ses bras sont blancs ; elle est châtaine ; 8
10 Elle a de petits pieds joyeux, 8
Et la clarté d'une fontaine 8
Dans son regard mystérieux. 8
C'est le commencement d'une âme, 8
Un rien où tout saura tenir, 8
15 Cœur en projet, plan d'une femme, 8
Scénario d'un avenir. 8
Elle ignore ; elle est gaie et franche ; 8
Le dieu Hasard fut son parrain. 8
Elle s'évade le dimanche 8
20 Au bras d'un garnement serein. 8
Il est charmant, elle est bien faite, 8
Et Pantin voit, sans garde-fou, 8
Flâner cette Vénus grisette 8
Avec cet Apollon voyou. 8
25 Elle s'ébat comme les cygnes ; 8
Et sa chevelure et sa voix 8
Et son sourire seraient dignes 8
De la fauve grandeur des bois. 8
Regardez-la, quand elle passe ; 8
30 On dirait qu'elle aime Amadis 8
A la voir jeter dans l'espace — 8
Ses yeux célestes et hardis. 8
Ces blanches filles des mansardes 8
Aux tartans grossiers, aux traits fins, 8
35 Ont la liberté des poissardes 8
Et la grâce des séraphins. 8
Elles chantent des chants étranges 8
Mêlés de misère et de jour, 8
Et leur indigence a pour franges 8
40 Toutes les poupres de l'amour. 8
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