Métrique en Ligne
HUG_24/HUG1400
Victor HUGO
TOUTE LA LYRE
1888-1893
VI
LVII
AU BAL
Elle se rapprochait, car il parlait tout bas. 12
Il lui disait : On a, dans ces bruyants ébats, 12
Une liberté plus entière. 8
C'est la foule, on est seul en ces salons dorés. 12
5 Le bal joyeux nous cache aux regards effarés 12
Dans un tourbillon de lumière. 8
Les quadrilles ardents, follement entraînés, 12
Bondissent. Nous rêvons, l'un sur l'autre inclinés, 12
Un rêve peut-être impossible. 8
10 Sans voir ces fleurs, sans voir ces fronts épanouis, 12
Nous passons dans ce bal rayonnant, éblouis 12
Par une autre fête invisible. 8
Ils sont aux voluptés, nous sommes à l'amour. 12
Nos cœurs émus sont pleins d'un mystérieux jour ; 12
15 Un feu passager les embrase. 8
Ce que nous contemplons, ils ne peuvent le voir. 12
Notre âme est un obscur et céleste miroir. 12
Ils ont l'ivresse, et nous l'extase. 8
Tandis que dans leurs yeux le plaisir brûle et luit, 12
20 Nous voudrions, troublés par la joie et le bruit, 12
Nous enfuir sous de chastes voiles. 8
La foule rit notre âme est plus ravie encor. 12
Pour eux, à ces plafonds ; brillent les lustres d'or, 12
Et pour nous, plus haut, les étoiles ! 8
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