Métrique en Ligne
HUG_24/HUG1348
Victor HUGO
TOUTE LA LYRE
1888-1893
VI
VII
Certe, elle n'était pas femme et charmante en vain ; 12
Mais le terrestre en elle avait un air divin ; 12
Des flammes frissonnaient sur mes lèvres hardies ; 12
Elle acceptait l'amour et tous ses incendies, 12
5 Rêvait au tutoiement, se risquait pas à pas, 12
Ne se refusait point et ne se livrait pas ; 12
Sa tendre obéissance était haute et sereine ; 12
Elle savait se faire esclave et rester reine, 12
Suprême grâce ! et quoi de plus inattendu 12
10 Que d'avoir tout donné sans avoir rien perdu ! 12
Elle était nue avec un abandon sublime 12
Et, couchée en un lit, semblait sur une cime. 12
À mesure qu'en elle entrait l'amour vainqueur, 12
On eût dit que le ciel lui jaillissait du cœur ; — 12
15 Elle vous caressait avec de la lumière ; 12
La nudité des pieds fait la marche plus fière 12
Chez ces êtres pétris d'idéale beauté ; 12
Il lui venait dans l'ombre au front une clarté 12
Pareille à la nocturne auréole des pôles ; 12
20 À travers les baisers, de ses blanches épaules 12
On croyait voir sortir deux ailes lentement ; 12
Son regard était bleu d'un bleu de firmament ; 12
Et c'était la grandeur de cette femme étrange 12
Qu'en cessant d'être vierge, elle devenait ange. 12
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