Métrique en Ligne
HUG_24/HUG1322
Victor HUGO
TOUTE LA LYRE
1888-1893
V
XXXIII
L'aquilon change, et met la poupe où fut la proue ; 12
Il ne faut pas beaucoup de temps pour qu'une roue 12
Tourne, et pour que le bas soit en haut, et souvent 12
Ce qui semble tombé riposte en se levant : 12
5 Nous reprendrons nos droits,-nos terres, nos provinces ; 12
Et le vent qu'il fera ce jour-là, rois et princes, 12
Allez le demander au moulin de Valmy ! 12
Oh ! je le vois, ce jour splendide ! on a dormi, 12
On s'éveille ; la France est là, redevenue 12
10 Déesse ; et son front rit, et son épée est nue ; 12
Cette fumée en fuite au loin, c'est l'ennemi. 12
Le firmament, car Dieu ne fait rien à demi, 12
Pose son arc-en-ciel profond sur nos deux villes. 12
Non, je ne pense pas que les rois soient tranquilles. 12
15 Je n'ai plus qu'une joie au monde, leur souci. 12
Je dis presque aux bourreaux de mon pays : merci ! 12
Et puisque d'un enfer peut naître une genèse, 12
Je ne suis pas fâché d'être dans la fournaise ; 12
Purification du feu, je te bénis ! 12
20 Les phénix lumineux ont les brasiers pour nids ; 12
L'âme s'augmente et luit dans la flamme ; est esclave 12
Tout ce qui ne sort pas vivant du bain de lave, 12
Et je trouve l'épreuve utile.
Croîs, lion.
J'attends.
Rois, consommez votre rébellion.
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