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L'autre jour, ami cher, ami de vingt années, |
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Tandis qu'en vos pensers, rêvant des jours meilleurs, |
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Vous sondiez de l'état les hautes destinées, |
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Je regardais jouer vos enfants dans les fleurs. |
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Inégales par l'âge, également aimées, |
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L'aînée à la dernière avec amour sourit. |
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Trois filles ! êtres purs ! âmes au bien formées |
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Que pénètre un rayon de votre grand esprit ! |
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La rosée inondait les fleurs à peine écloses ; |
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Elles jouaient, riant de leur rire sans fiel. |
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Deux choses ici-bas vont bien avec les roses, |
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Le rire des enfants et les larmes du ciel. |
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Beaux fronts où tout est joie et qui n'ont rien de sombre ! |
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Oh ! je les contemplais, le cœur de pleurs gonflé, |
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Moi qui vis désormais l'œil fixé sur une ombre, |
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Moi qui cherche partout mon doux ange envolé ! |
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Devant votre bonheur j'oubliais ma souffrance, |
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Je priais, d'un esprit paisible et raffermi ; |
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Mon deuil recommandait à Dieu votre espérance, |
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Et du fond de mon cœur je vous disais : — Ami ! |
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Soyez toujours heureux dans ces têtes si chères ! |
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Que chaque jour qui passe ajoute à leur beauté ! |
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Voyez sur votre seuil, en proie aux soins austères, |
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S'épanouir leur grâce et leur sérénité ! |
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Dieu vous doit ce bonheur ! car dans notre nuit noire, |
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Ces êtres si charmants nous consolent parfois ! |
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Car vous vous détournez du bruit de votre gloire |
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Pour écouter, pensif, l'heureux bruit de leur voix ! |
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Aimé dans vos foyers, admiré de la foule, |
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Esprit profond, lutteur aux discours triomphants, |
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Passant du juste au vrai, votre destin s'écoule |
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Entre les grands travaux et les petits enfants ! |
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Oh ! quand de noirs soucis vos heures sont ternies, |
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Regardez ! regardez cet avenir si doux, |
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Ces trois fronts rayonnants, ces trois aubes bénies |
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Qui se lèvent dans l'ombre, ô père, autour de vous ! |
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24 septembre 1844.
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