Métrique en Ligne
HUG_24/HUG1221
Victor HUGO
TOUTE LA LYRE
1888-1893
III
XXXVIII
Je rêve une nature innocente et meilleure ; 12
Je ne comprends pas bien pourquoi le renard pleure ; 12
Et comment il se peut que de l'œil effaré 12
Sorte une larme après qu'un rayon est entré ; 12
5 Où la lumière vient doit demeurer la joie ; 12
Dans ce frais paradis idéal où j'emploie 12
Mes songes, ou je mets le possible divin, 12
On chantera ; chanter n'est pas stérile et vain, 12
Chanter est le doux bruit des esprits sur les cimes ; 12
10 En jetant l'harmonie aux profondeurs sublimes, 12
Aux vents, aux océans, aux sillons, aux prés verts, 12
Une chanson travaille à l'immense univers ; 12
La mélodie utile et sainte est une haleine ; 12
Une femme qui passe en chantant dans la plaine 12
15 Mêle une vague lyre au rhythme universel ; 12
De là, plus d'âme aux fleurs et plus d'azur au ciel ; 12
De là je ne sais quelle indulgence sereine. 12
On n'aura pas besoin de se donner de peine 12
Pour se sentir aimé là-haut dans l'infini ; 12
20 Le nid sera sacré, l'épi sera béni ; 12
Tout germe engendrera son fruit, toute promesse 12
Tiendra parole, et sans église ni sans messe, 12
Sans prêtres, tant sera transparent le ciel bleu, 12
La soif verra la source et lame verra Dieu. 12
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