Métrique en Ligne
HUG_24/HUG1178
Victor HUGO
TOUTE LA LYRE
1888-1893
II
XLIV
C'est l'hiver. Ô villes folles, 7
Dansez ! Dans le bal béant 7
Tourbillonnent les paroles 7
De la joie et du néant. 7
5 L'homme flotte dans la voie 7
Où l'homme errant se perdit ; 7
En bas le plaisir flamboie, 7
En haut l'amour resplendit. 7
Le plaisir, clarté hagarde 7
10 Du faux rire et des faux biens, 7
Dit au noir passant : Prends garde ! 7
L'amour rayonne et dit : Viens ! — 7
Ces deux lueurs, sur la lame 7
Guidant l'hydre et l'alcyon, 7
15 Nous éclairent ; toute l'âme 7
Vogue à ce double rayon. 7
Mer !j'ai fui loin des Sodomes ; 7
Je cherche tes grands tableaux ; 7
Mais ne voit-on pas les hommes 7
20 Quand on regarde les flots ? 7
Les spectacles de l'abîme 7
Ressemblent à ceux du cœur ; 7
Le vent est le fou sublime, 7
Le jonc est le nain moqueur. 7
25 Comme un ami l'onde croule ; 7
Sitôt que le jour s'enfuit 7
La mer n'est plus qu'une foule 7
Qui querellé dans la nuit ; 7
Le désert de l'eau qui souffre 7
30 Est plein de cris et de voix, 7
Et parle dans tout le gouffre 7
À toute l'ombre à la fois. 7
Que dit-il ? Dieu seul recueille 7
Ce blasphème ou ce sanglot ; 7
35 Dieu seul répond à la feuille, 7
Et Dieu seul réplique au flot. 7
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