Métrique en Ligne
HUG_24/HUG1171
Victor HUGO
TOUTE LA LYRE
1888-1893
II
XXXVII
Ô poëte ! pourquoi tes stances favorites 12
Marchent-elles toujours cueillant des marguerites, 12
Toujours des liserons et toujours des bleuets, 12
Et vont-elles s'asseoir au fond des bois muets 12
5 Laissant sur leurs pieds nus, lavés par les eaux pures, 12
Ruisseler les cressons comme des chevelures ? 12
Pourquoi toujours les champs et jamais les jardins ? 12
D'où te viennent, rêveur, ces étranges dédains ? 12
Loin dés buis rehaussant le sable des allées, 12
10 Loin du riant parterre aux touffes étoilées, 12
Bordé d'œillets en foule empressés à s'ouvrir, 12
Pourquoi fuir, et pourquoi ne pas faire fleurir 12
Dans tes vers, où sourit l'heureux printemps qui t'aime, 12
Le blanc camélia, le jaune chrysanthème ? 12
15 Et le poète dit : Nous y viendrons un jour. 12
Versez dans vos jardins plus de joie et d'amour. 12
La rêverie a peur des portes et des grilles. 12
La Liberté, parmi les socs et les faucilles, 12
Chante dans les prés-verts et rit sous le ciel bleu. 12
20 L'homme fait le jardin, les champs sont faits par Dieu. 12
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