Métrique en Ligne
HUG_24/HUG1163
Victor HUGO
TOUTE LA LYRE
1888-1893
II
XXIX
CE QUE C'EST QUE DE SORTIR
EN EMPORTANT UN NUMÉRO DU CONSTITUTIONNEL
Il fait beau, l'air est pur ; le ciel est d'un bleu tendre ; 12
À bas l'hiver. Géronte, adieu ; bonjour, Clitandre, 12
Je ne me le fais pas dire deux fois, l'été 12
Nous appelle, et l'idylle est mise en liberté ; 12
5 Ah ! je profiterai, certes, de l'ouverture 12
Des portes, puisque avril nous livre la nature, 12
Et puisque le printemps nous invite à venir 12
Entendre les chevaux de l'aurore hennir. 12
Mon programme est ceci : là-haut des voix divines ; 12
10 Les fleurs prendront des airs penchés dans les ravines ; 12
Lalagé se mettra des roses sur le front, 12
Et rira ; les rayons des deux sexes pourront 12
Se mêler ; le gazon sera sans pruderie ; 12
Les bois murmureront : Ici l'on se marie ; 12
15 Et l'arbre aura tant d'ombre et les cœurs tant de feu 12
Qu'on ne trouvera pas un seul défaut à Dieu ; 12
Pan nous laissera voir sa grande âme attendrie ; 12
La nature sera pleine de rêverie ; 12
Rien ne se gênera pour vivre et pour aimer ; 12
20 Par des, chuchotements on s'entendra nommer, 12
Et l'on croira qu'au fond les oiseaux nous connaissent ; 12
Les cieux, les eaux ; les prés où les églogues naissent, 12
Seront presque aussi beaux qu'un décor d'opéra 12
Les papillons feront tout ce qui leur plaira ; 12
25 Les nids échangeront tout bas et sous les branches 12
De libres questions et des réponses franches, 12
Et je respirerai l'odeur-des liserons, 12
Et l'ombre sera tiède, et nous mépriserons 12
Ensemble au fond des bois, ô nymphes de Sicile, 12
30 Barbey d'Aurevilly ; l'effroyable imbécile. 12
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