III |
LE LIVRE LYRIQUE |
— LA DESTINÉE — |
XXXIV |
ENTRÉE DANS L'EXIL |
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J’ai fait en arrivant dans l’île connaissance |
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Avec un frais vallon plein d’ombre et d’innocence, |
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Qui, comme moi, se plaît au bord des flots profonds. |
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Au même rayon d’or tous deux nous nous chauffons ; |
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J’ai tout de suite avec cette humble solitude |
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Pris une familière et charmante habitude. |
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Là deux arbres, un frêne, un orme à l’air vivant, |
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Se querellent et font des gestes dans le vent |
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Comme deux avocats qui parlent pour et contre ; |
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J’y vais causer un peu tous les jours, j’y rencontre |
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Mon ami le lézard, mon ami le moineau ; |
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Le roc m’offre sa chaise et la source son eau ; |
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J’entends, quand je suis seul avec cette nature, |
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Mon âme qui lui dit tout bas son aventure ; |
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Ces champs sont bonnes gens, et j’aime, en vérité, |
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Leur douceur, et je crois qu’ils aiment ma fierté. |
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