Métrique en Ligne
HUG_23/HUG1009
Victor HUGO
LES QUATRE VENTS DE L'ESPRIT
1881
I
LE LIVRE SATIRIQUE
— LE SIÈCLE —
XXXVI
Soit, c’est dit. Tout n’est plus qu’une cendre qui vole. 12
La révolution française est une folle, 12
Une drôlesse, à qui Bruxelles dit : va-t’en ! 12
Danton est empoigné par monsieur d’Anethan 12
5 Et Robespierre est pris au collet par Cornesse ; 12
On met Paris au poste ainsi qu’une ivrognesse ; 12
Nous sommes un troupeau de moutons qui n’est bon 12
Qu’à suivre son berger et son boucher Bourbon ; 12
Depuis quatre cents ans l’esprit humain radote. 12
10 Qu’est-ce que le progrès ? Une vieille anecdote. 12
Nous nous sommes repus de chimères ; le vrai, 12
C’est Sanchez en morale, en finances Terray ; 12
La guillotine est bien, la potence est meilleure ; 12
Ce que nous appelons conscience est un leurre ; 12
15 Dieu parle dans le dogme et non dans la raison ; 12
Le confessionnal nous offre sa cloison, 12
Collons-y notre oreille et soyons imbéciles, 12
C’est le salut. Faisons vers les hommes fossiles 12
Le plus que nous pourrons de pas à reculons. 12
20 Le vrai but resplendit derrière nos talons ; 12
C’est le passé, le trône et l’autel, l’ignorance. 12
Déshabituons-nous de ce grand mot : la France. 12
Le pape a décrété qu’il est Dieu ; donc il l’est. 12
L’esprit, qui de Paris sur le monde soufflait, 12
25 Semait de la folie aux quatre vents éparse ; 12
Les droits de l’homme sont une assez triste farce ; 12
Le monarque est le char, le peuple est le pavé ; 12
Nous n’avons rien créé, nous n’avons rien trouvé ; 12
À nos inventions mettons le bonnet d’âne ; 12
30 Molière n’est qu’un drôle, et Tartuffe le damne ; 12
Jean-Jacque est un croquant, Voltaire est un grimaud, 12
Et Trublet, Patouillet, Pluche, ont le dernier mot. 12
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