Métrique en Ligne
HUG_23/HUG1004
Victor HUGO
LES QUATRE VENTS DE L'ESPRIT
1881
I
LE LIVRE SATIRIQUE
— LE SIÈCLE —
XXXI
Le vieil esprit de nuit, d’ignorance et de haine 12
Des clous de Jésus-Christ forge à l’homme une chaîne, 12
Change l’enfant candide et pur en nain vieillot, 12
Lie au bûcher Jean Huss et Morus au billot, 12
5 Frappe de sa férule Horace, et, si Voltaire 12
Et Rousseau font du bruit en classe, il les fait taire. 12
Il donne sur les doigts au bon Dieu stupéfait. 12
Il refroidit les fronts que l’aube réchauffait, 12
Il insulte le ciel dans la femme, et le nie 12
10 Dans l’astre, dans la fleur, dans l’art, dans le génie. 12
L’éteignoir sur les yeux, la torche au poing, boudeur, 12
Sournois, pédant, féroce, il aspire l’odeur 12
De la pensée éteinte et de la chair brûlée. 12
Il fait mettre à genoux le vieillard Galilée 12
15 Sur la terre qui tourne et devant le soleil. 12
Sur œil qui veut s’ouvrir il verse le sommeil. 12
Il tient dans ses dents l’âme humaine, et la grignote. 12
Il inspire Nisard, Veuillot, Planche, Nonotte, 12
Laisse derrière lui tout cœur mort et glacé, 12
20 Et l’herbe ne croît plus où son âne a passé. 12
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