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Ne dites pas : mourir ; dites : naître. Croyez. |
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On voit ce que je vois et ce que vous voyez ; |
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On est l'homme mauvais que je suis, que vous êtes ; |
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On se rue aux plaisirs, aux tourbillons, aux fêtes ; |
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On tâche d'oublier le bas, la fin, l'écueil, |
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La sombre égalité du mal et du cercueil ; |
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Quoique le plus petit vaille le plus prospère ; |
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Car tous les hommes sont les fils du même père ; |
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Ils sont la même larme et sortent du même œil. |
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On vit, usant ses jours à se remplir d'orgueil ; |
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On marche, on court, on rêve, on souffre, on penche, on tombe, |
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On monte. Quelle est donc cette aube ? C'est la tombe. |
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Où suis-je ? Dans la mort. Viens ! Un vent inconnu |
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Vous jette au seuil des cieux. On tremble ; on se voit nu, |
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Impur, hideux, noué des mille nœuds funèbres |
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De ses torts, de ses maux honteux, de ses ténèbres ; |
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Et soudain on entend quelqu'un dans l'infini |
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Qui chante, et par quelqu'un on sent qu'on est béni, |
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Sans voir la main d'où tombe à notre âme méchante |
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L'amour, et sans savoir quelle est la voix qui chante. |
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On arrive homme, deuil, glaçon, neige ; on se sent |
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Fondre et vivre ; et, d'extase et d'azur s'emplissant, |
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Tout notre être frémit de la défaite étrange |
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Du monstre qui devient dans la lumière un ange. |
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