Métrique en Ligne
HUG_2/HUG551
Victor HUGO
LES CONTEMPLATIONS
tome II
AUJOURD'HUI
1845-1855
LIVRE SIXIÈME
AU BORD DE L'INFINI
XVIII
Hélas ! tout est sépulcre. On en sort, on y tombe : 12
La nuit est la muraille immense de la tombe. 12
Les astres, dont luit la clarté, 8
Orion, Sirius, Mars, Jupiter, Mercure, 12
5 Sont les cailloux qu'on voit dans ta tranchée obscure, 12
O sombre fosse Éternité ! 8
Une nuit, un esprit me parla dans un rêve, 12
Et me dit : — Je suis aigle en un ciel où se lève 12
Un soleil qui t'est inconnu. 8
10 J'ai voulu soulever un coin du vaste voile ; 12
J'ai voulu voir de près ton ciel et ton étoile ; 12
Et c'est pourquoi je suis venu ; 8
Et, quand j'ai traversé les cieux grands et terribles, 12
Quand j'ai vu le monceau des ténèbres horribles 12
15 Et l'abîme énorme où l'œil fuit, 8
Je me suis demandé si cette ombre où l'on souffre 12
Pourrait jamais combler ce puits, et si ce gouffre 12
Pourrait contenir cette nuit ! 8
Et, moi, l'aigle lointain, épouvanté, j'arrive. 12
20 Et je crie, et je viens m'abattre sur ta rive, 12
Près de toi, songeur sans flambeau. 8
Connais-tu ces frissons, cette horreur, ce vertige, 12
Toi, l'autre aigle de l'autre azur ? — Je suis, lui dis-je, 12
L'autre ver de l'autre tombeau. 8
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