Métrique en Ligne
HUG_17/HUG371
Victor HUGO
CHÂTIMENTS
1853
LIVRE VI
LA STABILITÉ EST ASSURÉE
VII
LUNA
Ô France, quoique tu sommeilles, 8
Nous t'appelons, nous, les proscrits ! 8
Les ténèbres ont des oreilles, 8
Et les profondeurs ont des cris. 8
5 Le despotisme âpre et sans gloire 8
Sur les peuples découragés 8
Ferme la grille épaisse et noire 8
Des erreurs et des préjugés ; 8
Il tient sous clef l'essaim fidèle 8
10 Des fermes penseurs, des héros, 8
Mais l'Idée avec un coup d'aile 8
Écartera les durs barreaux, 8
Et, comme en l'an quatre-vingt-onze, 8
Reprendra son vol souverain, 8
15 Car briser la cage de bronze 8
C'est facile à l'oiseau d'airain. 8
L'obscurité couvre le monde, 8
Mais l'Idée illumine et luit ; 8
De sa clarté blanche elle inonde 8
20 Les sombres azurs de la nuit. 8
Elle est le fanal solitaire, 8
Le rayon providentiel ; 8
Elle est la lampe de la terre 8
Qui ne peut s'allumer qu'au ciel. 8
25 Elle apaise l'âme qui souffre, 8
Guide la vie, endort la mort ; 8
Elle montre aux méchants le gouffre, 8
Elle montre aux justes le port. 8
En voyant dans la brume obscure, 8
30 L'Idée, amour des tristes yeux, 8
Monter calme, sinistre et pure, 8
Sur l'horizon mystérieux, 8
Les fanatismes et les haines 8
Rugissent devant chaque seuil, 8
35 Comme hurlent les chiens obscènes 8
Quand apparaît la lune en deuil. 8
Oh ! contemplez l'Idée altière, 8
Nations ! son front surhumain 8
A, dès à présent, la lumière 8
40 Qui vous éclairera demain ! 8
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