Métrique en Ligne
HUG_17/HUG370
Victor HUGO
CHÂTIMENTS
1853
LIVRE VI
LA STABILITÉ EST ASSURÉE
VI
À CEUX QUI DORMENT
Réveillez-vous, assez de honte ! 8
Bravez boulets et biscayens. 8
Il est temps qu'enfin le flot monte, 8
Assez de honte, citoyens ! 8
5 Troussez les manches de la blouse ; 8
Les hommes de quatre-vingt-douze 8
Affrontaient vingt rois combattants. 8
Brisez vos fers, forcez vos geôles ! 8
Quoi ! vous avez peur de ces drôles 8
10 Vos pères bravaient les Titans ! 8
Levez-vous ! foudroyez et la horde et le maître ! 12
Vous avez Dieu pour vous et contre vous le prêtre ; 12
Dieu seul est souverain. 6
Devant lui nul n'est fort et tous sont périssables. 12
15 Il chasse comme un chien le grand tigre des sables 12
Et le dragon marin ; 6
Rien qu'en soufflant dessus, comme un oiseau d'un arbre, 12
Il peut faire envoler de leur temple de marbre 12
Les idoles d'airain. 6
20 Vous n'êtes pas armés ? qu'importe ! 8
Prends ta fourche, prends ton marteau ! 8
Arrache le gond de ta porte, 8
Emplis de pierres ton manteau ! 8
Et poussez le cri d'espérance ! 8
25 Redevenez la grande France ! 8
Redevenez le grand Paris ! 8
Délivrez, frémissant de rage, 8
Votre pays de l'esclavage, 8
Votre mémoire du mépris ! 8
30 Quoi ! faut-il vous citer les royalistes même ? 12
On était grand aux jours de la lutte suprême ! 12
Alors, que voyait-on ? 6
La bravoure, ajoutant à l'homme une coudée, 12
Était dans les deux camps. N'est-il pas vrai, Vendée, 12
35 Ô dur pays breton ? 6
Pour vaincre un bastion, pour rompre une muraille, 12
Pour prendre cent canons vomissant la mitraille, 12
Il suffit d'un bâton ! 6
Si dans ce cloaque on demeure, 8
40 Si cela dure encore un jour, 8
Si cela dure encore une heure, 8
Je brise clairon et tambour. 8
Je flétris ces pusillanimes ; 8
Ô vieux peuple des jours sublimes, 8
45 Géants à qui nous les mêlions, 8
Je les laisse trembler leurs fièvres, 8
Et je déclare que ces lièvres 8
Ne sont pas vos fils, ô lions ! 8
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