Métrique en Ligne
HUG_17/HUG350
Victor HUGO
CHÂTIMENTS
1853
LIVRE IV
LA RELIGION EST GLORIFIÉE
XII
À QUATRE PRISONNIERS
(APRÈS LEUR CONDAMNATION)
Mes fils, soyez contents ; l'honneur est où vous êtes. 12
Et vous, mes deux amis, la gloire, ô fiers poètes, 12
Couronne votre nom par l'affront désigné ; 12
Offrez aux juges vils, groupe abject et stupide, 12
5 Toi, ta douceur intrépide, 7
Toi, ton sourire indigné. 7
Dans cette salle où Dieu voit la laideur des âmes, 12
Devant ces froids jurés, choisis pour être infâmes, 12
Ces douze hommes, muets, de leur honte chargés, 12
10 O justice, j'ai cru, justice auguste et sombre, 12
Voir autour de toi dans l'ombre 7
Douze sépulcres rangés. 7
Ils vous ont condamnés, que l'avenir les juge ! 12
Toi, pour avoir crié : la France est le refuge 12
15 Des vaincus, des proscrits ! — Je t'approuve, mon fils ! 12
Toi, pour avoir, devant la hache qui s'obstine, 12
Insulté la guillotine, 7
Et vengé le crucifix ! 7
Les temps sont durs ; c'est bien. Le martyre console. 12
20 J'admire, ô vérité, plus que toute auréole, 12
Plus que le nimbe ardent des saints en oraison, 12
Plus que les trônes d'or devant qui tout s'efface, 12
L'ombre que font sur ta face 7
Les barreaux d'une prison ! 7
25 Quoique le méchant fasse en sa bassesse noire, 12
L'outrage injuste et vil là-haut se change en gloire. 12
Quand Jésus commençait sa longue passion, 12
Le crachat qu'un bourreau lança sur son front blême 12
Fit au ciel à l'instant même 7
30 Une constellation ! 7
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