Métrique en Ligne
HUG_16/HUG243
Victor HUGO
LES VOIX INTÉRIEURES
1837
XX
Regardez : les enfants se sont assis en rond. 12
Leur mère est à coté, leur mère au jeune front 12
Qu'on prend pour une sœur aînée ; 8
Inquiète, au milieu de leurs jeux ingénus, 12
5 De sentir s'agiter leurs chiffres inconnus 12
Dans l'urne de la destinée. 8
Près d'elle naît leur rire et finissent leurs pleurs, 12
Et son cœur est si pur et si pareil aux leurs. 12
Et sa lumière est si choisie, 8
10 Qu'en passant à travers les rayons de ses jours, 12
La vie aux mille soins, laborieux et lourds, 12
Se transfigure en poésie ! 8
Toujours elle les suit, veillant et regardant, 12
Soit que janvier rassemble au coin de l'âtre ardent 12
15 Leur joie aux plaisirs occupée ; 8
Soit qu'un doux vent de mai, qui ride le ruisseau, 12
Remue au-dessus d'eux les feuilles, vert monceau 12
D'où tombe une ombre découpée. 8
Parfois, lorsque, passant près d'eux, un indigent 12
20 Contemple avec envie un beau hochet d'argent 12
Que sa faim dévorante admire, 8
La mère est là ; pour faire, au nom du Dieu vivant, 12
Du hochet une aumône, un ange de l'enfant, 12
Il ne lui faut qu'un doux sourire ! 8
25 Et moi qui, mère, enfants, les vois tous sous mes yeux, 12
Tandis qu'auprès de moi les petits sont joyeux 12
Comme des oiseaux sur les grèves, 8
Mon cœur gronde et bouillonne, et je sens lentement, 12
Couvercle soulevé par un flot écumant, 12
30 S'entr'ouvrir mon front plein de rêves. 8
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