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HUG_16/HUG237
Victor HUGO
LES VOIX INTÉRIEURES
1837
AVRIL — À LOUIS B.
XIV
Louis, voici le temps de respirer les roses, 12
Et d'ouvrir bruyamment les vitres longtemps closes ; 12
Le temps d'admirer en rêvant 8
Tout ce que la nature a de beautés divines 12
5 Qui flottent sur les monts, les bois et les ravines, 12
Avec l'onde, l'ombre et le vent. 8
Louis voici le temps de reposer son âme 12
Dans ce calme sourire empreint de vague flamme 12
Qui rayonne au front du ciel pur ; 8
10 De dilater son cœur ainsi qu'une eau qui fume, 12
Et d'en faire envoler la nuée et la brume 12
À travers le limpide azur ! 8
O Dieu ! que les amants sous les vertes feuillées 12
S'en aillent, par l'hiver pauvres ailes mouillées ! 12
15 Qu'ils errent joyeux et vainqueurs ! 8
Que le rossignol chante, oiseau dont la voix tendre 12
Contient de l'harmonie assez pour en répandre 12
Sur tout l'amour qui sort des cœurs ! 8
Que, blé qui monte, enfant qui joue, eau qui murmure, 12
20 Fleur rose où le semeur rêve une pêche mûre, 12
Que tout semble rire ou prier ! 8
Que le chevreau gourmand, furtif et plein de grâces, 12
De quelque arbre incliné mordant les feuilles basses, 12
Fasse accourir le chevrier ! 8
25 Qu'on songe aux deuils passés en se disant : qu'était-ce ? 12
Que rien sous le soleil ne garde de tristesse ! 12
Qu'un nid chante sur les vieux troncs ! 8
Nous, tandis que de joie au loin tout vibre et tremble, 12
Allons dans la forêt, et là, marchant ensemble, 12
30 Si vous voulez, nous songerons, 8
Nous songerons tous deux à cette belle fille 12
Qui dort là bas sous l'herbe où le bouton d'or brille, 12
Où l'oiseau cherche un grain de mil, 8
Et qui voulait avoir, et qui, triste chimère, 12
35 S'était fait cet hiver promettre par sa mère, 12
Une robe verte en avril. 8
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