ACHÉMÉNIDE |
(Extrait d'une traduction inédite de l'Énéide) Interea fessos ventus cum sole reliquit, etc. (Liv. III.) |
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Le jour meurt : l'aquilon s'endort au sein des nues, |
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Nous abordons d'Enna les rives inconnues ; |
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Un grand port loin des vents nous offrait ses abris, |
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Mais l'Etna sur ces bords vomit d'affreux débris. |
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Tantôt s'ouvre en tonnant son immense cratère, |
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De longs torrents de cendre il inonde la terre ; |
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Tantôt ses rocs aux cieux roulent en tourbillons, |
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Tombent, et sur ses flancs tracent d'ardents sillons ; |
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Le gouffre en feu mugit : sous sa voûte qui fume, |
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La lave enfle en grondant ses flots noirs de bitume. |
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Encelade, dit-on, sous ces rocs obscurcis |
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Cache ses vastes flancs, que la foudre a noircis ; |
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Le poids du mont l'écrase, et sa brûlante haleine |
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Chasse au loin les rochers qu'il soulève avec peine : |
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Si, las de ses douleurs, il retourne son corps, |
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Le ciel fume, et l'Etna tremble de ses efforts. |
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Effrayés de ce bruit, sans le comprendre encore, |
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Tremblants, dans les forêts nous attendons l'aurore. |
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La nuit qui règne aux cieux, ce fracas plein d'horreur, |
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Ce prodige, en nos sens tout verse la terreur. |
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Des nuages obscurs nous cachent les étoiles, |
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Et la lune pâlit en roulant sous leurs voiles. |
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L'Olympe enfin se dore : effacée à son tour, |
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L'ombre humide s'enfuit devant l'astre du jour. |
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Soudain, hors des forêts, une ombre à face humaine, |
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Pâle, les bras tendus, vers la plage se traîne : |
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Ses cheveux hérissés, son front sombre et maigri, |
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Tout annonce un mortel par le malheur flétri. |
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Son corps faible est couvert de joncs tressés d'épine ; |
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Mais c'est un Grec, de Troie il hâta la ruine. |
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Lui-même, il voit de loin nos armes, nos soldats, |
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Il recule ; et la peur semble arrêter ses pas. |
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Bientôt, vers le rivage accourant tout en larmes : |
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« Par ces astres brillants, témoins de mes alarmes, |
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Par les dieux, par ce jour qui luit encor pour moi, |
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Arrachez-moi, Troyens, de ces lieux pleins d'effroi ! |
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Que je fuie ! Il suffit. Jadis sous vos murailles |
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Sur les vaisseaux des Grecs, j'apportai les batailles ; |
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Je le sais trop : eh bien ! fils de Laomédon, |
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Si mon crime ne peut espérer de pardon, |
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Frappez, ou plongez-moi dans ces mers où nous sommes ; |
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Si je meurs, je mourrai du moins des mains des hommes. » |
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Il dit, tombe à nos pieds sans force et sans chaleur, |
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Les embrasse, et d'un Grec nous pleurons le malheur. |
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Quel est, lui disons-nous, le sujet de vos plaintes ? |
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Votre nom ? vos aïeux ? Qui peut causer vos craintes ? |
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Anchise, le premier, pour gage de sa foi, |
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Lui tend sa main sacrée et calme son effroi. |
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« Ithaque est ma patrie : Adamaste mon père |
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Vécut pauvre (que n'ai-je estimé sa misère !) ; |
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Mais son Achéménide, au pied de vos remparts, |
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Voulut auprès d'Ulysse affronter les hasards. |
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Ici nos Grecs, fuyant un Cyclope terrible, |
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M'oublièrent, errant sous sa caverne horrible ; |
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C'est là que Polyphème étend son corps pesant, |
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S'enivre de carnage et regorge de sang. |
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S'il sort (Dieux, sauvez-nous de ce monstre difforme !), |
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Ce géant jusqu'aux cieux lève sa tête énorme ; |
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Tout fuit, tout s'épouvante à son aspect affreux, |
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Et sa gorge engloutit les chairs des malheureux. |
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Je l'ai vu, dans son antre, apprêtant leur supplice, |
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Prendre en sa vaste main deux des soldats d'Ulysse, |
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J'ai vu leurs corps brisés sur un roc tressaillir, |
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Leurs crânes sur le seuil en mille éclats jaillir, |
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Et le monstre, broyant leurs entrailles fumantes, |
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Faire crier leurs os sous ses dents dévorantes. |
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Témoin de leur trépas, brûlant de les venger, |
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Ulysse se souvint d'Ulysse en ce danger. |
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Dès qu'enivré de sang, sur son bras redoutable, |
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Le géant courbe enfin sa tête épouvantable ; |
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Dès que, parmi les chairs et les vins qu'il vomit, |
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Immense, il couvre au loin son antre qui gémit, |
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En cercle rassemblés autour de ses victimes, |
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Le sort marque tous ceux qui vont punir ses crimes ; |
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Nous l'entourons : des Dieux nous implorons l'appui, |
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Nous approchons du monstre, et nous fondons sur lui. |
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Un tronc d'arbre noueux, qu'un fer aigu prolonge, |
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Dans son œil effroyable au même instant se plonge. |
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Cet œil étincelait sur son front menaçant : |
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D'un bouclier d'Argos tel brille le croissant ; |
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Telle Phébé rayonne en l'horreur des nuits sombres. |
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Du moins, de nos amis nous vengeâmes les ombres. |
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Fuyez ces bords ; fuyez, trop malheureux nochers ! |
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Cent Cyclopes hideux errent sur ces rochers. |
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Tous, tels que Polyphème, habitant ces rivages, |
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Renferment leurs troupeaux dans leurs antres sauvages. |
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Phébé m'a vu trois fois, en finissant son cours, |
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Traîner dans ces forêts mes misérables jours ; |
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Là, j'entends des géants tonner la voix bruyante ; |
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Là, je tremble au fracas de leur marche effrayante. |
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Nourri d'herbes, de glands, de quelques fruits amers, |
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Le jour fuit, et ma vue erre encor sur les mers… |
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J'aperçois vos vaisseaux : sans les connaître encore, |
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Je vole, heureux de fuir ces rives que j'abhorre ! |
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Frappez ; je meurs content, quel que soit mon trépas ; |
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Mais sur ces bords cruels ne m'abandonnez pas ! » |
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À peine il a parlé, nous voyons vers la plage, |
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Appuyant son grand corps sur un pin sans feuillage, |
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S'avancer hors d'un roc, son ténébreux séjour, |
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Un monstre informe, affreux, vaste et privé du jour. |
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Son troupeau qui le suit charme seul sa souffrance : |
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Son chalumeau pesant pend à son col immense ; |
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Il touche enfin les flots : il s'y plonge en hurlant, |
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Se courbe, et dans leur sein lave son œil sanglant. |
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Au milieu de leur gouffre il fend les mers profondes, |
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Marche, et ses flancs encor s'élèvent sur les ondes. |
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Nous nous hâtons de fuir : tout se tait ; nos vaisseaux |
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S'ouvrent au suppliant et volent sur les eaux. |
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La rame entre nos mains monte et tombe en cadence ; |
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Polyphème l'entend, se retourne, s'élance, |
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Étend ses vastes bras, rechasse au loin les flots, |
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Et poursuit, mais en vain, nos pâles matelots. |
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Il élève un grand cri… L'Italie agitée |
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Voit trembler à ce bruit sa rive épouvantée ; |
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La mer au loin bondit : de longs ébranlements |
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Font mugir de l'Etna les abîmes fumants. |
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Soudain sortent des bois les Cyclopes sauvages, |
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Ils descendent des monts et couvrent les rivages ; |
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Mais ces enfants d'Etna, portant leurs fronts aux cieux, |
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Nous menacent en vain de regards furieux. |
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Race horrible ! on croit voir dans un bois solitaire |
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Le cyprès de Diane ou l'arbre du tonnerre. |
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La voile est déployée au souffle heureux des vents, |
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On fatigue à l'envi les cordages mouvants ; |
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Mais les rocs de Scylla montrent de loin leurs cimes, |
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Et Charybde près d'eux fait gronder ses abîmes : |
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La mort est là : fuyons, ou redoublant d'efforts, |
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Suivons l'étroit canal sans toucher les deux bords. |
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Du détroit de Pélore accourt soudain Borée, |
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Du Pantage écumant nous franchissons l'entrée ; |
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Achéménide alors, vers Mégare et Tapsos, |
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Sur ces mers qu'il connaît dirige nos vaisseaux. |
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Ainsi, de tant d'écueils, dont elle était la proie, |
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Un compagnon d'Ulysse, un Grec, a sauvé Troie. |
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V. D'AUVERNEV
[Le Conservateur littéraire,
12 février 1820.]
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