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Elle dort ; ses beaux yeux se rouvriront demain ; |
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Et mon doigt qu'elle tient dans l'ombre emplit sa main ; |
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Moi, je lis, ayant soin que rien ne la réveille, |
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Des journaux pieux ; tous m'insultent ; l'un conseille |
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De mettre à Charenton quiconque lit mes vers ; |
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L'autre voue au bûcher mes ouvrages pervers ; |
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L'autre, dont une larme humecte les paupières, |
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Invite les passants à me jeter des pierres ; |
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Mes écrits sont un tas lugubre et vénéneux |
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Où tous les noirs dragons du mal tordent leurs nœuds ; |
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L'autre croit à l'enfer et m'en déclare apôtre ; |
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L'un m'appelle Antéchrist, l'autre Satan, et l'autre |
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Craindrait de me trouver le soir au coin d'un bois ; |
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L'un me tend la ciguë et l'autre me dit : Bois ! |
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J'ai démoli le Louvre et tué les otages ; |
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Je fais rêver au peuple on ne sait quels partages ; |
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Paris en flamme envoie à mon front sa rougeur ; |
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Je suis incendiaire, assassin, égorgeur, |
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Avare, et j'eusse été moins sombre et moins sinistre |
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Si l'empereur m'avait voulu faire ministre ; |
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Je suis l'empoisonneur public, le meurtrier ; |
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Ainsi viennent en foule autour de moi crier |
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Toutes ces voix jetant l'affront, sans fin, sans trêve ; |
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Cependant l'enfant dort, et, comme si son rêve |
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Me disait : — Sois tranquille, ô père, et sois clément ! — |
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Je sens sa main presser la mienne doucement. |
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