Métrique en Ligne
HUG_10/HUG153
Victor HUGO
Les feuilles d'automne
1831
X
Aestuat infelix.
Un jour au mont Atlas les collines jalouses 12
Dirent : — Vois nos prés verts, vois nos fraîches pelouses 12
Où vient la jeune fille, errante en liberté, 12
Chanter, rire, et rêver après qu'elle a chanté ; 12
5 Nos pieds que l'océan baise en grondant à peine, 12
Le sauvage océan ! notre tête sereine, 12
À qui l'été de flamme et la rosée en pleurs 12
Font tant épanouir de couronnes de fleurs ! 12
Mais toi, géant ! — d'où vient que sur ta tête chauve 12
10 Planent incessamment des aigles à l'œil fauve ? 12
Qui donc, comme une branche où l'oiseau fait son nid, 12
Courbe ta large épaule et ton dos de granit ? 12
Pourquoi dans tes flancs noirs tant d'abîmes pleins d'ombre ? 12
Quel orage éternel te bat d'un éclair sombre ? 12
15 Qui t'a mis tant de neige et de rides au front ? 12
Et ce front, où jamais printemps ne souriront, 12
Qui donc le courbe ainsi ? quelle sueur l'inonde ?… — 12
Atlas leur répondit : — C'est que je porte un monde. 12
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