LIVRE TROISIÈME |
LES LUTTES ET LES RÊVES |
V |
Quia pulvis es |
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Ceux-ci partent, ceux-là demeurent. |
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Sous le sombre aquilon, dont les mille voix pleurent, |
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Poussière et genre humain, tout s'envole à la fois. |
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Hélas ! le même vent souffle, en l'ombre où nous sommes, |
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Sur toutes les têtes des hommes, |
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Sur toutes les feuilles des bois. |
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Ceux qui restent à ceux qui passent |
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Disent : — Infortunés ! déjà vos fronts s'effacent. |
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Quoi ! vous n'entendrez plus la parole et le bruit ! |
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Quoi ! vous ne verrez plus ni le ciel ni les arbres ! |
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Vous allez dormir sous les marbres ! |
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Vous allez tomber dans la nuit ! — |
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Ceux qui passent à ceux qui restent |
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Disent : — Vous n'avez rien à vous ! vos pleurs l'attestent ! |
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Pour vous, gloire et bonheur sont des mots décevants. |
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Dieu donne aux morts les biens réels, les vrais royaumes. |
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Vivants ! vous êtes des fantômes ; |
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C'est nous qui sommes, les vivants ! — |
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Février 1843.
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