Métrique en Ligne
HRV_1/HRV56
Henriette HERVÉ
DILECTION
1925
ENVOI
Ces vers tout pleins de vous, vous ne les lirez pas… 12
Vous n'avez pas le temps d'apprendre, 8
Combien, et comment un cœur bat, 8
Quand vous l'avez troublé par votre voix trop tendre… 12
5 J'aurais tant voulu cependant 8
Aller vers vous et puis vous dire simplement 12
« Voici mon premier livre… Il n'est fait que pour vous… 12
Il n'est fait que de rêves fous 8
Mais ineffables, 4
10 Et j'ai tant poursuivi leur ombre sur le sable 12
Qu'elle estompe pour moi jusqu'au dernier détour 12
La longue route sans retour… 8
Vous verriez que ce livre 6
Vous étiez seul au monde à pouvoir l'inspirer, 12
15 Vous verriez qu'il n'est beau, vous verriez qu'il n'enivre 12
Que pour avoir parlé d'amour désespéré ! 12
Goutte à goutte amassée, une immense tristesse 12
Baigne ses accents éperdus, 8
Son verbe frémissant de profonde tendresse 12
20 Ne dit que le bonheur perdu ! 8
Si j'ai chanté la nature et la solitude, 12
C'est dans le seul espoir de vous posséder mieux ! 12
Car celui qui cherche son dieu 8
Et voudrait s'abîmer dans la béatitude, 12
25 Éprouve le besoin de vivre loin de tous, 12
Fuit le monde, 3
Puis à genoux 4
Dans l'inactivité contemplative où l'onde 12
Attend la brise tiède et le retour du flot 12
30 Il prie… il espère un souffle d'en haut… 10
Si vous lisiez, vous pourriez craindre ce miracle ! 12
Car le divin spectacle 6
D'un amour simple et vrai, 6
Ne laisserait pas vos sens conserver leur paix ! 12
35 Si vous lisiez, le feu qui consume mes veines 12
Rallumerait enfin le feu qui vous brûlait, 12
Si vous lisiez, en entendant crier ma peine 12
Vous m'aideriez sans doute, à supporter son faix, 12
Vous voudriez panser ma plaie 8
40 Et me détacher de la claie 8
Dont vos mains autrefois ont serré les liens 12
D'innombrables nœuds gordiens ! 8
Si vous lisiez, vous voudriez toujours entendre 12
Résonner près de vous cette lyre si tendre, 12
45 Dans le chant dont je meurs ! 6
Vous ne pourriez rester plus longtemps insensible, 12
Car les coups profonds de mon cœur 8
De leur élan incoercible 8
On toujours précédé mes mots ! 8
50 Mais vous ne lirez rien ! Plutôt 8
Que de subir le déchirant outrage 10
De voir. mon livre ainsi qu'une tombe bien close 12
Et que vus mains trop sages 6
N'ont pas voulu fleurir de roses, 8
55 J'abandonne en pleurant le geste commencé ! 12
Je n'irai pas, portant mon âme dénudée, 12
Pour tenter de franchir malgré vous le fossé… 12
J'attendrai que la grâce enfin soit accordée… 12
Je ne veux rien troubler par le bruit de mes pas, 12
60 Et ces vers, pleins de vous, vous ne les lirez pas 12
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