Métrique en Ligne
HRV_1/HRV50
Henriette HERVÉ
DILECTION
1925
CHANTS DE PALESTINE
« JE L'AI CHERCHÉ… »
I
Je l'ai cherché toute la nuit 8
Sans le trouver… Il s'est enfui, 8
Bondissant sur les monts, celui qu'aime mon âme… 12
Et je suis pareille au cerf altéré qui brame, 12
5 Dans un désert aride, après l'eau du torrent… 12
Mon bien-aimé ! dis-moi par grâce, 8
Où dois-je aller… Je suis si lasse ! 8
Vais-je enfin te trouver sur le bord de l'étang, 12
Quand le vent du jour souffle et que l'ombre est étroite ? 12
10 Où fais-tu reposer ta monture qui boîte 12
Et ton troupeau, sur le midi ? 8
II
Dans les vignes de Hen Guédi 8
J'ai cherché ta blancheur aux grappes du troène, 12
Et j'ai cherché ta voix dans le chant des fontaines, 12
15 Dans les sources d'eau vive et dans les ruisseaux froids ! 12
Mon bien-aimé ! dis-moi par grâce 8
Où te trouver !… Je suis si lasse… 8
Et j'ai déjà trompé le désir que mes doigts 12
Avaient de tes cheveux, en caressant la soie 12
20 De l'orge blonde, ou le fin duvet qui chatoie 12
Dans la houppe des chardons mûrs… 8
III
Et j'ai cherché dans l'éclat pur 8
Des yeux de ma chevrette, un regard presque tendre, 12
Trop transparent, qu'on traverse sans le comprendre… 12
25 Ton cher regard !… Et l'odeur de ton vêtement 12
Est venue, ainsi qu'une grâce, 8
Ranimer mon âme trop lasse, 8
Quand j'ai touché du front un cèdre du Liban… 12
Ah ! viens, vent du Midi ! Lève-toi, bise ardente 12
30 Augmentez le parfum des myrtes et des menthes 12
Car c'est l'arôme de sa chair ! 8
IV
J'ai trouvé sur les fruits d'or clair 8
Du cédrat, qui distille au soleil tous ses baumes, 12
La pulpe ferme et tiède et douce de ses paumes 12
35 … Et cette obscure voix à l'ombre des figuiers… 12
Mon bien-aimé ! dis-moi par grâce, 8
Qu'à ma tendresse jamais lasse 8
C'est ton râle d'amour que redit le ramier ! 12
Et son roucoulement rauque et rythmé m'enchante ! 12
40 De mes flancs à ma gorge, entends la plainte lente 12
Qui reprend et répond sans fin… 8
V
Voici que l'automne s'en vient 8
Le colchique a fleuri, les vignes ont leurs grappes, 12
Et l'huile, du pressoir, par flots d'ambre s'échappe, 12
45 Les fruits de la vallée ont rendu leur odeur… 12
Mon bien-aimé ! dis-moi par grâce 8
Que tu reviens… je suis très lasse… 8
Tu m'as, sur la montage, emporté mon bonheur, 12
Tu le portes au cou comme un fil d'écarlate ; 12
50 Et sur ton cœur, ainsi qu'un sachet d'aromates, 12
Il a passé toute la nuit… 8
VI
Alors, sous la lune qui luit, 8
Sa douce ombre est venue émouvoir mes entrailles… 12
Le voilà qui se tient derrière la muraille, 12
55 Et qui se penche et se fait voir à mon treillis 12
« Ma bien-aimée ! ouvre par grâce, 8
Et vois, sur mes épaules lasses 8
Ruisseler la rosée… Ouvre !… je t'ai cueilli 12
De l'aspic, de la mandragore, au clair de lune »… 12
60 …J'ai pris sa tête entre mes bras dans la nuit brune, 12
Je l'ai bercée entre mes seins, 8
Et mes sanglots se sont éteints… 8
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